On le sait, depuis que les multinationales se sont emparées d’Hollywood, les studios ont perdu la magic touch. Ils savent fabriquer des blockbusters grâce à leur surface financière et technologique, ils acceptent encore de produire quelques auteurs à condition qu’ils fassent tinter le tiroir-caisse (Scorsese, De Palma, Burton…) et pour le reste, c’est généralement daube […]
On le sait, depuis que les multinationales se sont emparées d’Hollywood, les studios ont perdu la magic touch. Ils savent fabriquer des blockbusters grâce à leur surface financière et technologique, ils acceptent encore de produire quelques auteurs à condition qu’ils fassent tinter le tiroir-caisse (Scorsese, De Palma, Burton…) et pour le reste, c’est généralement daube de chez daube. Finis la production moyenne de qualité, la belle ouvrage modeste, les bons faiseurs d’antan. Or, Un Beau jour est justement l’un de ces spécimens devenus rares, un film sans ambitions auteuristes mais qui n’abaisse pas le spectateur. Michael Hoffman apparaît comme l’un de ces artisans anonymes mais rigoureux dans leur travail. Il exécute donc la commande : une comédie à l’ancienne liftée au goût du jour (difficulté d’être parent célibataire en milieu urbain), avec Michelle Pfeiffer dans le rôle de Carole Lombard/Katharine Hepburn et George Clooney dans celui de Clark Gable/Cary Grant. Tout commence au lever du jour, en montage parallèle : à ma droite, Melanie, divorcée, mère d’un adorable bambin et career woman, à la bourre pour déposer le gniard à l’école et stressée par un rendez-vous professionnel ultra-important ; à ma gauche, Jack, divorcé, père d’une adorable bambine, journaleux tête brûlée, à la bourre pour, etc. Les deux paires se rencontrent devant les portes closes de l’école, s’engueulent, se séparent en échangeant sans le savoir leurs portables respectifs… C’est réglé et prévisible comme une horloge et pourtant, ça fonctionne du feu de Dieu. On a beau deviner l’issue finale, toute la jouissance du spectateur réside dans le renouvellement de figures cinéphiliques imposées, dans la façon dont le réalisateur respecte le cahier des charges et tient le tempo. Les acteurs n’y sont pas pour rien Clooney fort sympathique en nouveau père, Pfeiffer… pfff… Les dialogues sont un régal, collent aux situations et aux bouches des protagonistes. Si Hoffman fait du Hawks (guéguerre des sexes, femme forte, immaturité masculine…), il ne se prend pas pour Hawks, ni pour personne ; bref, il fait impeccablement son boulot, sans coquetterie déplacée. Un Beau jour n’est pas un chef-d’œuvre bouleversant, juste le film extrêmement plaisant et rigoureusement façonné d’un réalisateur qui sait où est sa place.
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