Sur Netflix, une reconstitution méticuleuse mais trop prudente des attentats qui ont frappé la Norvège en juillet 2011.Sur Netflix, une reconstitution méticuleuse mais trop prudente des attentats qui ont frappé la Norvège en juillet 2011.
Le 22 juillet 2011, Anders Behring Breivik fait exploser une camionnette devant un immeuble gouvernemental à Oslo. Il se rend ensuite sur l’île d’Utøya, où des adolescents sont réunis à l’occasion d’un camp politique, tue par balles soixante-neuf personnes et en blesse trente-trois, avant d’être appréhendé. On retrouvera dans son ordinateur des éléments le rattachant à des mouvances d’extrême droite ultranationalistes, ainsi qu’un manifeste appelant à une croisade contre le multiculturalisme en Europe.
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Les trente premières minutes du film reconstituent minutieusement la tuerie, sans affect racoleur ni emphase artificielle. Les tics de Paul Greengrass – nervosité de la caméra à l’épaule, éclatement du point de vue – provoquent ici non pas une sensation d’immersion mais une impression de mise à plat documentaire des rouages du cauchemar.
Plus largement, le style du réalisateur de Jason Bourne (mais aussi de Vol 93, consacré aux attentats du 11 Septembre) s’accorde admirablement aux enjeux du récit : sonder un espace en crise dans un chaos formel apparent avant d’en faire émerger, par le montage, un ordre et un sens.
Ainsi, l’après-22 juillet s’apaise et se resserre en deux branches, s’attachant d’une part à la reconstruction physique et psychologique d’un survivant, d’autre part au rôle des institutions dans la résilience d’une nation. Si le chemin vers la guérison du jeune homme est scruté avec pudeur et intelligence, les implications politiques et judiciaires du drame ne dépassent par l’illustration factuelle.
En évitant de les travailler en profondeur, le film laisse des questions pourtant essentielles – comment naissent une pensée et un geste extrémistes au sein des démocraties européennes ? – en suspens.
Un 22 juillet de Paul Greengrass, avec Thorbjørn Harr, Anders Danielsen Lie, Jon Øigarden (E.-U., Nor., Isl., 2018, 2 h 23). Sur Netflix
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