Les touchantes tribulations d’un sosie (vocal) du King.
Les losers argentins ont beau se succéder à la queue leu leu,
on ne s’en lasse toujours pas ; leur saveur reste singulière et leurs marasmes très diversifiés.
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Il est ici question de Carlos Gutiérrez, quadragénaire ouvrier dans une usine, assez largué, bedonnant, quasi alcoolique, qui se voit chargé d’un fardeau : sa fille, dont il doit assurer la garde à la suite d’un accident d’auto ayant cloué à l’hôpital la mère de l’enfant, qui l’a quitté depuis longtemps.
Mais Carlos a une double personnalité : il est également Elvis, un show-man tout aussi indigent qui donne des spectacles dans des bouis-bouis comme interprète de chansons du King Presley.
C’est là où le personnage est grand : Carlos est le sosie vocal de Presley. Ce petit plus fait toute la différence et sort le film de ses ornières naturalistes.
Le comédien interprète de Carlos, John McInerny, n’est pas doublé ; c’est lui qui chante les tubes du rocker/crooner, avec une aisance et un mimétisme confondants. Si le décor de seconde zone dans lequel évolue Carlos/Elvis et les péripéties accablantes et fascinantes de son existence sonnent très juste, on reste plus perplexe à propos de la seconde partie (bien plus brève que la première), où ce velléitaire de la plus belle eau s’envole soudainement pour les États-Unis, Memphis, Graceland.
Il va accomplir son rêve : devenir vraiment Elvis. Partie étrangement laconique, voire mécanique, soldée par une coda abrupte.
Après la précision presque balzacienne de la première partie, truffée de myriades de subtilités et de détails sur les bas-fonds urbains, cette anti-apothéose sèche et pratiquement documentaire nous laisse sur notre faim.
On aurait aimé un finale tragico-lyrique à la Visconti, von Sternberg ou Fassbinder. Relative déception pour une fable douce-amère dans l’ensemble convaincante.
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