Passé une ouverture impressionnante, Twister ne fait pas plus d’effet qu’une giboulée. Coup de vent.
Twister n’est pas une épopée du twist. Tant pis. Réalisé par Jan de Bont (Speed) sur un scénario de Michael Crichton (Jurassic Park) et coproduit par Steven Spielberg, le film fait son miel d’un phénomène fréquent aux Etats-Unis, les tornades, gigantesques tourbillons capables de « déplumer des poulets vivants » (selon l’Encyclopædia Universalis) et de dévaster en cinq minutes la totalité d’une région. Twister s’ouvre sur un flashback traumatique, seule séquence réellement impressionnante du film : une petite fille voit son père littéralement aspiré par un de ces Moloch-météo et disparaître à jamais. Quelques années plus tard, on retrouve la même, devenue spécialiste des tornades, à la tête d’une équipe d’exaltés qui sillonnent l’Oklahoma afin d’expérimenter un nouveau système de prévention. Cet argument plutôt mince est le prétexte à une série de scènes de bravoure par grand vent où l’on voit des troupeauxde vaches et des moissonneuses-batteuses emportés dans les airs.
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La résurgence actuelle du film catastrophe US bientôt dans vos salles, Independance Day sur les Martiens qui nous veulent du mal en dit éventuellement long, à l’aube du xxie siècle, sur les angoisses et les fantasmes de désintégration qui obsèdent l’Amérique. On se souvient que sur la hantise des dévastations naturelles, les années 70 nous avaient déjà offert Hurricane. Par ailleurs, Twister réenfourche ici le classique combat contre le Mal et on peut regarder le film comme une relecture lointaine de Moby Dick avec l’héroïne en Achab habité par un désir morbide de vengeance, et les tornades (de plus en plus grosses) comme autant d’hypostases du Démon. Mais le parallèle s’arrête là, ni le personnage central ni ses comparses n’ayant la moindre épaisseur et le « monstre » n’étant au fond qu’une sorte de gigantesque sèche-cheveux. Twister a tôt fait de nous fatiguer et court vers un dénouement ultra-prévisible. Reste à saluer néanmoins les performances du chef-opérateur Jack N. Green, collaborateur régulier sur les films d’Eastwood, tant les changements à vue de la lumière sur les paysages, les passages insensibles entre le beau temps et l’orage lui ont inspiré une image adéquate, déployant un nuancier de bleus et de gris plombés qui, à défaut de sauver la mise, occupe l’esprit.
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