Un survival coréen habile.
Le cinéma d’action coréen poursuit son irrésistible progression en s’affirmant comme le meilleur du genre en Asie. Cela n’empêche pas qu’il produise des œuvres un peu médianes, comme ce Tunnel qui, quoique remarquablement mené et rythmé, n’a pas la force subversive du mémorable Dernier train pour Busan de Yeon Sang-ho sorti en 2016.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
En fait, ce Tunnel ressemble énormément dans son principe au Gouffre aux chimères de Billy Wilder. Après l’effondrement d’un tunnel autoroutier, un brave homme est coincé dans sa voiture. Les secours s’organisent, pendant que les médias et le gouvernement s’emparent de l’événement avec un opportunisme malsain. Différence majeure avec le film de Wilder : ici, c’est le point de vue de la victime qui est privilégié. C’est avant tout un survival, pas une satire en règle de (la rapacité de) la presse.
L’angle polémique et politique reste néanmoins très présent. Voir notamment les contorsions hypocrites d’une ministre opportuniste, qui s’inspire sans doute du cas récent de la présidente coréenne Park Geun-hye, destituée en mars à la suite d’une affaire de corruption ; voir aussi le fait que l’effondrement du tunnel est dû à une magouille liée aux matériaux de construction.
Mais Kim Seong-hun n’a pas l’acidité de Billy Wilder et ne concentre pas son tir sur cette dimension fâcheuse. Il l’utilise comme arrière-plan sociétal, au même titre que la dimension familiale. Le film se focalise plus sur l’expérience intime de la victime, ses efforts incessants et ceux des sauveteurs à la surface. Autrement dit, une œuvre épidermique et subjective où la charge politique, bien vue mais très light, sert juste de soupape humoristique. Donc, un vrai thriller catastrophe au suspense palpable, mais dont la narration reste linéaire et factuelle.
Tunnel de Kim Seong-hun (Cor. du Sud, 2016, 2 h 06)
{"type":"Banniere-Basse"}