Agnès Godard, directrice de la photo attitrée de Claire Denis, présente Trouble Every Day, « film d’effroi » avec Béatrice Dalle et Vincent Gallo.
Comment décririez-vous Trouble every day ?
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On pourrait l’étiqueter film gore ou film fantastique, mais pour moi, c’est surtout un film d’effroi. Il y a quelque chose de l’ordre de la peur qui naît à la vision de ce film : il affronte des tabous, des peurs ancestrales.
Quelle est l’histoire du film ?
Un couple américain (Vincent Gallo et Tricia Vessey) retrouve en voyage de noces à Paris un couple d’amis français (Béatrice Dalle et Alex Descas). Ils se sont connus il y a des années autour de recherches botaniques sur des plantes aphrodisiaques, en tout cas qui pourraient aider à réguler la libido. L’Américain souffre d’un mal étrange : quand il fait l’amour à sa femme, il sent qu’il est tenté de la tuer, qu’il a des pulsions de mort. Il en parle à ses amis français, dans l’espoir qu’ils l’aident… Evidemment, cette trame est l’occasion de parler de bien autre chose : la place de la sexualité dans l’amour et d’ailleurs dans le non-amour, le désir sexuel qui peut être un désir de possession, autrement dit de destruction. Et Claire filme le désir sexuel comme une addiction, comme quelque chose qui rend dingue.
Ce registre de l’effroi est rare dans le cinéma français. Est-ce qu’il n’y a pas un risque d’en faire trop ?
Evidemment. Là, ce qui est très rassurant, c’est l’écriture de Claire Denis. Il faut vraiment bien lire son scénario parce que tout y est. Elle choisit ses mots avec énormément de précision. Si l’on additionne ses choix : dialogues + acteurs + décors, c’est impressionnant comme tout se dessine. Pour moi, dès lors, le choix de la lumière devient une évidence. En l’occurrence, pour Trouble every day, j’ai travaillé une couleur d’hiver, en faisant très attention à toutes les ambiances de pénombre, évidemment toujours délicates dans le rendu.
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