En colosse fragile et poignant, l’acteur de 26 ans embrase le Moonlight de Barry Jenkins.
Pas évident d’imposer son nom lorsqu’on doit partager un personnage avec deux autres acteurs. C’est pourtant ce que réussit brillamment Trevante Rhodes dans Moonlight : il y interprète Chiron adulte, soit l’ultime avatar, le chevalier saiyan, la mue du « Little » (petit) « black » (noir) en colosse — ce colosse de Rhodes.
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Il lui suffit de 30 minutes à peine pour marquer les esprits, avec son sublime corps d’athlète, son grillz, et son visage trop longtemps renfrogné par la honte. Ayant lui aussi « grandi sans père, mais resté désespérément romantique », il explique n’avoir eu aucune difficulté à entrer en empathie avec le personnage de Chiron, même si lui n’est pas gay. « Ce que j’apprécie le plus dans Moonlight c’est qu’il parle de sujets mais sans forcer la main, sans donner l’impression au spectateur qu’on est là pour lui envoyer un message. C’est un film sur l’amour » Disant cela, il s’enflamme: « il se trouve que Chiron aime les hommes, et ça rend sa vie plus compliquée, mais ça ne change rien à l’amour qu’il porte ».
Aujourd’hui âgé de 26 ans, il a grandi à la Nouvelle-Orleans puis au Texas, où il avait obtenu une bourse universitaire pour être sprinter. « C’est grâce [ses] muscles », avoue-t-il, alors qu’il « joggait torse nu sur la piste en dernière année de fac à Austin », qu’il est repéré par un directeur de casting. « Je n’allais pas réussir à devenir sprinter pro, et je m’apprêtais à travailler dans l’industrie pétrolière, comme ma mère, quand ce directeur de casting me repéra ». Il déménage alors à Los Angeles.
Il avait postulé pour un autre rôle
Sa carrière débute par un rôle minuscule dans le sympathique Open Windows, une série B avec Elijah Wood et Sasha Gray, qui a la particularité de ne se dérouler que sur des écrans d’ordinateurs. Il décroche aussi un petit rôle dans la série Westworld et un autre, récurrent, dans If Living You Wrong (une série communautaire afro-américaine par le pape du genre, Tyler Perry), avant d’être choisi par Barry Jenkins pour jouer dans Monnlight. « Trevante s’était présenté pour l’autre rôle, celui finalement tenu par André Holland, mais à la moitié je l’ai arrêté parce qu’il m’est apparu comme une évidence qu’il devait être Chiron adulte », se souvient Barry Jenkins. « Ce qui m’a séduit et convaincu, c’est son expressivité rentrée, tout ce qu’il est capable de faire passer par un regard, derrière cette carapace ».
Di Caprio et De Niro pour références
Lorsqu’on demande au jeune comédien quelles étaient ses idoles, enfant, il répond d’un assez peu original « Robert (De Niro) et Léo (Di Caprio) », ce qui donne une idée de son réalisateur préféré. Mais aujourd’hui, l’acteur qui l’impressionne le plus est Jake Gyllenhaal. La suite ? Peut-être une apparition dans Song to Song de Terence Malick (« j’ai tourné mais on ne sait jamais jusqu’au dernier moment si on y est ») et le reboot de la franchise Predator en 2018, par Shane Black. Portera-t-il des dreadlocks et une armure d’invisibilité ? « Nope… je suis du côté humain », soupire-t-il. Suite au succès de Moonlight, il n’est pas impossible que sa durée de vie dans la jungle infestée d’aliens vienne d’être accrue par les producteurs.
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