Un amateur de films de vampires s’identifie trop à ses héros. Une illustration de la cinéphagie.
Jeune ado solitaire et taciturne, Milo passe une partie de ses journées à mater des films de vampires (dont le Nosferatu de Murnau). Il s’identifie tellement à ses visions que la nuit, il se transforme en prédateur tuant des êtres humains puis les ramenant chez lui pour les manger – puis dégueuler. Milo finit par subir l’état vaguement nauséeux du spectateur.
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L’originalité du film de Michael O’Shea consiste à orienter le genre vampire vers le réalisme social et à montrer la cinéphagie au sens propre du terme, comme un métabolisme, le geste consistant à bouffer des films contaminant la réalité, degré ultime, fou et déviant de la condition de spectateur.
Cette vision du cinéma comme processus dangereux engendrant potentiellement des monstres pourrait être déprimante et sans issue, mais le film échappe à cette sombre impasse solipsiste et s’oxygène quand Milo fait connaissance avec une voisine…
“Quand on aime la vie, on va au cinéma”, disait une vieille pub. “Quand on aime le cinéma, attention à ne pas se couper de la vie”, semble répondre Michael O’Shea.
Transfiguration de Michael O’Shea (E.-U., 2016, 1 h 37) en salle le 26 juillet
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