Un jeune chanteur libanais confronté au mystère de son origine et à l’histoire de son pays. Un premier long métrage captivant.
Un jeune Libanais, Rabih, pétri de talent (il chante et joue de la guitare), a besoin de faire refaire ses papiers pour partir en tournée en Europe. Au commissariat, on lui explique que sa carte d’identité est fausse – et qu’il risque accessoirement d’être poursuivi par la justice… A force d’insister (il est têtu), il finit par apprendre qu’il n’est pas l’enfant biologique de ses parents. Pourquoi pas ?
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Mais il est loin d’être au bout de ses peines. Une longue quête de la vérité, qui l’amènera à traverser un pays qu’il connaît au fond assez mal, commence pour lui. Ce voyage va révéler à Rabih sa véritable identité, mais aussi lui apprendre qu’il n’a rien compris, que ceux qu’il aime (notamment son oncle si charismatique et respecté) ne sont pas ce et ceux qu’ils prétendent être. Métaphore un peu facile (mais efficace), il se trouve que Rabih est aveugle. A travers son histoire, c’est le passé troublé et caché du Liban qui va remonter et lui apparaître dans sa cruauté.
Filmé comme s’il s’agissait d’un événement quotidien, tout près du réel, Tramontane, présenté en mai 2016 à la Semaine de la critique à Cannes, raconte le souffle fatigué et fétide de l’histoire, mais aussi le souffle de la vie d’un jeune homme qui espère dans l’avenir, le sien et celui de son pays.
Trop calibré, trop attendu, trop maîtrisé, le scénario du premier long métrage de Boulghourjian ? Pas si simple. D’abord parce que le cinéaste, au cours des déambulations de son personnage principal, prend le temps de filmer un pays, un paysage, qui n’est pas que mental. De plus, certains élements échappent à ce à quoi on se serait attendu, ajoutant des arêtes, des cailloux sur le terrain parfois trop lisse, trop balisé du récit. Rabih est un personnage que sa cécité a sans doute rendu dur, hermétique aux excès de sensibilité trop faciles. Il résiste.
Et puis, il y a cette scène impressionnante où le grand-père biologique de Rabih, enfin retrouvé, refuse de le reconnaître comme son petit-fils. Non parce qu’il serait indigne de lui, mais par fatalisme : on ne peut revenir sur ce qui s’est passé, parce que c’est la volonté de Dieu.
C’est le message terrible de Tramontane : on ne peut revenir sur les événements, les dépasser totalement, surtout quand ils ont été terribles. Il faut passer à autre chose, pour le bien de tous. Demeure le chant, la musique – très belle – qui console comme elle peut et qui vous emmène parfois dans d’autres pays du monde, vers un ailleurs.
Tramontane de Vatche Boulghourjian (Lib., Fr., Qat., E.-A.U., 2017, 1 h 45)
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