En salle le 25 novembre, Rouge de Farid Bentoumi revient sur un réel scandale écologique, à la manière du récent film américain Dark Waters. Zita Hanrot, en plein dilemme éthique, doit choisir entre la vérité et son père.
Farid Bentoumi (Good Luck Algeria) délaisse le feel-good movie social pour s’attaquer au genre du thriller, et plus précisément du thriller écologique, mais toujours avec Sami Bouajila à ses côtés. Celui-ci incarne un délégué syndical dans une usine chimique française, qui fait embaucher sa fille, Nour (Zita Hanrot), en tant qu’infirmière. Mais un contrôle sanitaire a lieu tandis qu’une journaliste indépendante (Céline Sallette) cherche à découvrir comment l’usine gère réellement ses déchets… Nour est alors face à un dilemme éthique : doit-elle aider à révéler les pratiques douteuses de l’entreprise ou bien rester loyale à son père ? Labellisé « Cannes 2020 », Rouge a été sélectionné ou projeté par de nombreux festivals (Deauville, le Fifib, Cinemed).
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Le film s’inspire librement de faits réels : le scandale dit “des boues rouges” de l’usine Alteo de Gardanne, dans les Bouches-du-Rhône. Pendant plus de 50 ans, l’entreprise a rejeté des déchets toxiques dans la mer Méditerranée, au large de Cassis, sans être inquiétée. Il a fallu attendre le 1er janvier 2016 pour qu’il soit interdit de déverser ces résidus polluants dans la mer, forçant Alteo à mettre au point un procédé de filtrage (depuis, des militants écologistes dénoncent le fait que l’usine entrepose sur terre des déchets solides, tout en ne respectant toujours pas deux normes concernant les rejets en mer.). Le premier rapport mettant en lumière les conséquences néfastes de l’entreprise sur l’environnement date de 1993. En 2016, 20 millions de tonnes de boues rouges avaient été recensées dans les fonds marins, soit l’équivalent de dix fois la superficie de Marseille.
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Un film écolo-social
Après Dark Waters (2019) de Todd Haynes, c’est au tour de Farid Bentoumi de s’indigner dans des propos rapportés par Allociné : “Cela fait plusieurs années que le gouvernement et la préfecture leur demandent d’arrêter de polluer la mer. Mais cette usine, c’est aussi 500 emplois à la clé, ce qui n’est pas rien dans un endroit comme Gardanne déjà marqué par le chômage. Lorsque j’ai vu les photos de cette usine et ses boues rouges, j’ai trouvé ça très frappant en termes cinématographiques. J’ai transposé mon histoire dans ce type d’usine qui existe aussi ailleurs dans le monde. Je me suis ensuite beaucoup documenté sur d’autres histoires d’usines polluantes, d’autres destins de lanceurs d’alerte.” Car face au grand patron (Olivier Gourmet), Zita Hanrot incarne en effet une lanceuse d’alerte qui doit, symboliquement, se liguer contre son propre père pour faire le bien.
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