Au-delà de son arrière-cuisine technologique, un divertissement futé, chargé de clins d’œil cinéphiles. Après la vision plutôt plaisante de Toy story, la rencontre avec son réalisateur est une déception : John Lasseter semble démoulé de cette usine typiquement américaine qui produit par millions des jeunes prodiges propres et blondinets qui ne jurent que par le […]
Au-delà de son arrière-cuisine technologique, un divertissement futé, chargé de clins d’œil cinéphiles.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Après la vision plutôt plaisante de Toy story, la rencontre avec son réalisateur est une déception : John Lasseter semble démoulé de cette usine typiquement américaine qui produit par millions des jeunes prodiges propres et blondinets qui ne jurent que par le travail et le perfectionnisme. Un genre d’anti-Burton, aussi lisse et fêlure-proof que l’autre est charismatique et tourmenté… N’empêche, on peut aussi retourner notre perspective initiale et se dire qu’après la rencontre avec ce sage et consciencieux serviteur de l’industrie de l’entertainment, Toy story est une excellente surprise. On lira sûrement ailleurs des tonnes de blabla sur l’aspect purement technologique du projet, la magie de l’informatique, la naissance d’un nouvel âge du cinéma computérisé et toutes ces liturgies agenouillées devant l’autel du progrès… Evacuons tout de suite la question : en effet, si les ordinateurs peuvent (techniquement) tout faire à la place de l’homme, il faut bien admettre que du côté purement esthétique de Toy story, c’est plutôt glacial, voire disgracieux. Rien à voir en tout cas avec la poésie exsudant des poupées de L’Etrange Noël de M. Jack ou avec le charme pâteux et modelé de Wallace et Gromit. Mais au bout de cinq minutes, on a déjà oublié l’aspect pari technologique : la force indéniable de Toy story réside dans l’énergie de son scénario, la vivacité de ses dialogues qui réussissent à insuffler une épaisseur surprenante aux jouets-personnages. L’argument est simple, binaire : en ce jour d’anniversaire, les vieux jouets craignent d’être détrônés par les nouveaux, singulièrement une marionnette cowboy menacée par l’arrivée d’un robot intergalactique flambant neuf. On mesure l’ironie de ce film cadré à ras du plancher quand il transforme les humains et spécialement les gosses en monstres sans tête, redoutables prédateurs en Nike ou chaussons. Les différents jouets déclenchent un ensemble de clins d’œil aux différents genres du cinéma, comme une petite anthologie historico-hollywoodienne. Ces Américains sont décidément très forts. Il y en a pour tout le monde dans Toy story : pour les têtes blondes, les vilains canards bruns, les ados amateurs de dialogues cultes, les parents cinéphiles, les marchands de jouets, les vendeurs et consommateurs de droits dérivés… Lasseter a certainement rempli ses objectifs : Toy story est une tranche de spectacle dynamique et futée, doublée d’une affaire juteuse parce qu’elle ratisse tous les publics de 7 à 77 ans.
{"type":"Banniere-Basse"}