Tableau politique velléitaire des tares de la bourgeoisie chilienne.
Titre ironique naturellement, que les distributeurs ont chipé à Godard – l’original étant Aquí no ha pasado nada (“Il ne s’est rien passé ici”). Mais de toute façon, cette dérision n’est pas assumée car le film s’empêtre dans ses options contradictoires. L’enjeu est de reconstituer un fait divers réel, révélateur de la persistance au Chili de la corruption et des magouilles chez les anciens affidés de Pinochet. C’est du moins le discours officiel du film, qui dénonce l’immoralité de la bourgeoisie nantie.
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Celle-ci couvre un jeune fêtard ayant tué un piéton avec l’auto de son père. Scénario assez courant (cf. le récent Moka), mais qui à notre sens masque le vrai sujet du film : la célébration behavioriste et sensorielle de l’esprit de la fête. Du moins, dans la première partie assez longue, où il n’est question ni de culpabilité, ni de fait divers.
Bonjour le film à thèse
Immersion caméra à l’épaule dans les soirées, libations et coucheries du héros (Vicente). Ensuite, le registre change. On croit bifurquer un instant dans le thriller, puis dans le film de procès, en délaissant au passage toute singularité au profit de l’option moraliste.
Adieu la subjectivité du départ, qui semblait orienter le spectateur sur une piste hédonisto-atmosphérique ; bonjour le film à thèse bien pensant. Mais le virage politiquement correct ne tient pas la route. Il est velléitaire, voire hypocrite. La victime, un brave piéton éméché, est totalement ignorée dans ce méli-mélo qui démontre in fine le statu quo dans la classe dominante chilienne issue du fascisme. Constat qui dans le contexte laisse de marbre au lieu d’indigner.
Tout va bien (Chili, Fr., 2016, 1 h 35)
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