Un film noir dans le milieu des affaires, rongé par l’humour inquiet et vénéneux de son auteur.
Le nouveau film de Pascal Bonitzer est un film à plusieurs intrigues, subtilement enchâssées pour dissimuler longtemps leur plus petit commun multiple – si on ne l’a pas identifié, le générique de fin nous le désigne.
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Au départ, il y a une jeune femme d’affaires talentueuse (donc killeuse) : Nora (Agathe Bonitzer, hitchcockienne), embauchée par un cabinet fondé par deux amis issus de la même grande école, Barsac et Prévôt-Parédès (Lambert Wilson et Pascal Greggory, impériaux). Cyniques, pervers, dépressifs, fortunés, ils font peur.
Mais Nora va bientôt découvrir que son non moins dépressif de père (Jean-Pierre Bacri, tel qu’en lui-même), qui n’a pas connu la même fortune que ces deux “hères”, les a bien connus dans leur jeunesse, et qu’il a même eu une histoire de cœur avec la femme devenue alcoolique de Barsac, Solveig (Isabelle Huppert).
Sur cette intrigue principale viennent se greffer une intrigue juridico-commerciale (un conflit d’intérêts dans un rachat d’entreprise) et une histoire d’amour naissante et difficile (avec Vincent Lacoste), parsemées de morceaux onirico-métaphorico-fantastiques, comme ce chien-loup inquiétant qui apparaît par intervalles (pas le meilleur du film).
Le duplicité peut rendre riche mais pas heureux
Tout est double, dans Tout de suite maintenant : la vérité, les affaires, les sœurs, les patrons (Barsac et Prévôt-Parédès, mais aussi les frères Méchain, joués par les frères Pierre et Vladimir Léon), les cœurs (Lacoste attiré par les deux sœurs), les sentiments (Bacri ne peut s’empêcher de blesser les gens qu’il aime). Mais la duplicité peut rendre riche ou intelligent, pas heureux. Parce que le passé ne passe jamais.
L’un des moments les plus émouvants du film (très drôle, par ailleurs) étant celui où Barsac-Wilson, après avoir balancé une ultime saloperie sur un proche qui vient de tenter de se suicider, se laisse tabasser sans réagir par Solveig-Huppert. Comme s’il comprenait qu’il était allé trop loin, là comme toujours, et qu’il est trop tard pour revenir en arrière. C’est la définition même du film noir.
Tout de suite maintenant de Pascal Bonitzer (Fr., Lux., 2016, 1 h 38)
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