La crise existentielle drolatique d’une jeune fille très politisée. Un premier film bouillonnant et féroce.
Il y a dans le titre de ce premier long métrage de la comédienne Judith Davis un triple mouvement à valeur de programme. Tout ce qu’il me reste de la révolution, c’est d’abord ce désir, vorace et dispersé, d’embrasser le tout d’un reste, autrement dit des décombres, d’une révolution fantôme qui n’a jamais vraiment eu lieu, celle de Mai 68. Totalité, résidu et illusion perdue. Somme, soustraction et absence.
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Passée par l’excellente troupe flamande TG Stan et membre du collectif L’Avantage du doute, Judith Davis prolonge avec ce film un spectacle du même titre créé en 2010 au Théâtre de la Bastille. Elle y incarne Angèle, une fille dont le candide désir de changer le monde se heurte à un marché du travail bouché, aux illusions perdues de ses pairs et à une société asservie à un management d’entreprise déshumanisant. Ce combat pour une re-politisation du monde se double progressivement dans le film d’une crise existentielle puisqu’Angèle est une sorte de Bridget Jones militante prise entre sa solitude sentimentale, familiale et ses idéaux.
Quelque part entre les comédies politiques de Michel Leclerc (Le Nom des gens, 2010) et l’absurdité sociale pointée par Apnée (2016), film d’un autre collectif du théâtre, celui des Chiens de Navarre, Tout ce qu’il me reste de la révolution échappe au cliché du film d’intermittents du spectacle en s’armant d’une drôlerie aussi féroce que touchante. Il dénonce avec une touchante naïveté le cynisme de notre société, son fonctionnement générateur de fracture sociale. Si le film s’émiette par moments dans la radiographie globale de son tout et ne parvient pas à réchauffer ces restes d’une fausse révolution, il pose la nécessité d’un changement avec une simplicité aussi éclatante que précieuse.
Tout ce qu’il me reste de la révolution de Judith Davis (Fr., 2018, 1 h 28)
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