Que ceux qui ne connaissent pas l’oeuvre de King Hu, formidable cinéaste taïwanais éclipsé par l’ombre de Chang Cheh, l’autre pièce maîtresse du cinéma d’arts martiaux des années 60-70, ne se sentent pas rebutés par le titre. De zen on verra très peu la couleur dans Touch of zen. Un panneau prégénérique indique même qu’il […]
Que ceux qui ne connaissent pas l’oeuvre de King Hu, formidable cinéaste taïwanais éclipsé par l’ombre de Chang Cheh, l’autre pièce maîtresse du cinéma d’arts martiaux des années 60-70, ne se sentent pas rebutés par le titre. De zen on verra très peu la couleur dans Touch of zen. Un panneau prégénérique indique même qu’il est rigoureusement impossible de transposer à l’écran cette philosophie. Une certain aveu de la roublardise de Hu qui n’était de toute façon pas bouddhiste. Il sera donc rarement question ici de débat mais d’action : même s’ils tracent la voie spirituelle d’un lettré vers un moine bouddhiste, Touch of zen et son amazone redresseuse de torts préfèrent adouber les archétypes du film de chevalerie (l’amour filial vainqueur du pouvoir félon et sanguinaire) lors de combats reniant toute notion de pesanteur. S’il faut démontrer que la volonté peut déplacer des montagnes, ce sera de manière graphique, lorsque cette admirable fresque fait d’ahurissants miracles avec des corps animés auxquels ces prouesses physiques procurent une âme bouleversante.
En 1992, Tsui Hark parvient à ranimer cette âme lorsqu’il parraine L’Auberge du dragon, remake de Dragon gate inn, autre morceau de choix signé King Hu. Sous la dynastie Ming, un eunuque lance ses sbires aux trousses des enfants d’un ministre, dernier barrage entre lui et le pouvoir. Un chevalier veille sur les enfants. Tout ce monde se retrouve dans une bâtisse de bois et de pierre plantée en plein désert, tenue par une mère maquerelle qui liquide régulièrement les clients pour les détrousser avant de les faire disparaître sous forme de plats servis dans l’auberge. Une intrigue touffue rapidement envahie par un ravageur triangle amoureux, où Lin Ching-hsia et Maggie Cheung, somptueuses actrices, se livrent à d’envoûtantes joutes sexuelles. En introduisant cette nouveauté dans ce remake, Hark épouse le parti féministe de Hu, s’incline devant les redoutables charmes de dames d’épée, ressuscitées le temps d’un eastern virtuose effaçant les années où le public occidental se gaussait devant les « westerns soja » sans en percevoir les mérites.