Trois parcours autour du corps tabou. Un film-thérapie d’une réalisatrice prometteuse.
Ours d’or surprise et prix du Meilleur premier film de la dernière Berlinale, Touch Me Not arrive sur nos écrans auréolé d’une réputation de film à la vision ardue. Ce qui choque, c’est la représentation de corps et de désirs pour le moins éloignée des canons de beauté et des normes sexuelles en vigueur dans notre société.
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https://www.youtube.com/watch?v=jGHYDOCEVq8
Entre fiction, réalité et mise en abyme, le film suit trois personnages chargés d’énergies intimes complémentaires. Laura (Laura Benson), quinquagénaire dépressive souffrant d’une profonde phobie sexuelle, représente la charge négative du film ; Christian (Christian Bayerlein), handicapé vivant une sexualité très épanouie malgré une importante atrophie musculaire, est sa charge positive ; et Tómas (Tómas Lemarquis), trentenaire en quête d’altérité, porte quant à lui une charge plutôt neutre.
Le cinéma comme outil de thérapie
Le casting de ces trois personnages révèle trois faces de Touch Me Not. Christian Bayerlein, acteur non professionnel, renvoie aux corps infirmes du Freaks de Tod Browning. La présence de Tómas Lemarquis, abonné aux seconds rôles de productions SF (Blade Runner 2049 ; Snowpiercer, le Transperceneige ; X-Men: Apocalypse), place le film dans une esthétique futuriste et mystique qui rappelle le cinéma des Wachowski. Tandis que Laura Benson, habituée des seconds rôles chez Stephen Frears, Patrice Chéreau, Alain Resnais et Jacques Doillon, rappelle le mal-être corporel de Charlotte Gainsbourg dans Nymphomaniac de Lars von Trier.
Mais contrairement au Danois, la réalisatrice roumaine de 38 ans est loin d’être misanthrope. Malaisant et par moment scabreux, Touch Me Not est un film d’une rare singularité puisqu’il envisage le cinéma comme l’outil d’une thérapie de la réalisatrice, des acteurs-personnages et des spectateurs visant l’affirmation de soi et l’apaisement du rapport à l’autre. “Dis-moi comment tu as été aimé et je te dirai comment tu aimes” est la puissante phrase matricielle d’un film obsédé par la question ontologique du reflet, de l’image qu’on se fait de soi, de son corps et de celui des autres.
Touch Me Not d’Adina Pintilie (Rou., All., Rép. Tch., Bulg., Fr., 2 h 05)
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