C’est avec le documentaire Pumping Iron qu’Arnold Schwarzenegger apparaît dans le paysage américain. Il n’est alors qu’un culturiste, objet de fascination des artistes, qui se pressent autour de lui pour comprendre. Andy Warhol “voulait intellectualiser la chose (…) : comment peut-on ressembler à une oeuvre d’art ? Comment peut-on sculpter son propre corps ?” Nous […]
C’est avec le documentaire Pumping Iron qu’Arnold Schwarzenegger apparaît dans le paysage américain. Il n’est alors qu’un culturiste, objet de fascination des artistes, qui se pressent autour de lui pour comprendre. Andy Warhol « voulait intellectualiser la chose (…) : comment peut-on ressembler à une oeuvre d’art ? Comment peut-on sculpter son propre corps ? » Nous sommes à la fin des années 70 et, au rayon bodybuilding,
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Un simple fan de l’ancienne image de lui-même
Sylvester Stallone s’apprête à incarner l’Amérique blessée, défaillante mais bombant le torse des années Reagan. C’est plus tard qu’Arnold va trouver sa place dans ce paysage. Il juge le corps de Stallone mal défini et le sien, monstrueusement et parfaitement taillé dans ses moindres recoins, va lui ouvrir un créneau : celui de toile pour effets spéciaux.
» La seule idée de dormir me révulsait littéralement. Pendant le tournage de Terminator, je rêvais de pouvoir fonctionner en continu, comme une machine », écrit Arnold Schwarzenegger dans son autobiographie au titre sobre de Total Recall – L’incroyable et véridique histoire de ma vie.
C’est un peu de cette manière qu’il envisagera chacun des domaines où il exercera. Le cinéma, l’immobilier comme la politique et la vie de famille : travailler sans relâche jusqu’à tout dominer. James Cameron lui-même lui dira, en parlant de Terminator : « Ce personnage, c’est vous, vous êtes une machine. » Débit haché, accent étrange et indélébile, perfection travaillée du corps, avec ses dimensions fantastiques : Terminator et Schwarzenegger s’inventent mutuellement. Dupliquée, robotisée, éborgnée, torturée à la charnière des années 80 et 90, cette vaste enveloppe corporelle devient un écran gigantesque qu’on peut trafiquer à l’infini.
A lire aussi : Jean-Claude Van Damme, l’interview fleuve
Ce qui manque à ce pavé de 660 pages, indigeste et candide exercice d’autoadmiration bourré d’humour militaire et obsédé par l’argent, c’est sans doute un brin de sincérité. Il lui manque aussi et surtout un peu de distance. Schwarzenegger, s’il s’est consciemment laissé tailler dans l’image, semble assez peu au fait des révolutions qu’il a provoquées.
Il ne sait pas qu’avec Total Recall, notamment, il contribue à inventer le cinéma des années 2000, celui des avatars. Il ne sait pas non plus que la grandeur passée de son corps logeait dans ses fantastiques dimensions, un écran sur lequel on ne peut plus aujourd’hui projeter que les souvenirs de ses grands films. Ainsi, quand il répète mécaniquement et à l’infini « I’ll be back » dans Expendables 2, comme un simple fan de l’ancienne image de lui-même.
Total Recall – L’incroyable et véridique histoire de ma vie d’Arnold Schwarzenegger (Presses de la Cité), 660 pages, 22,90 €
{"type":"Banniere-Basse"}