Tiré à part ou Tiré par les cheveux ? Toujours est-il que pour son premier film, Bernard Rapp semble avoir puisé dans son vécu professionnel, accommodant reliefs d’Assiette anglaise et chutes de Caractères. Un éditeur anglais de grande renommée reçoit un jour d’un de ses amis, auteur français de romans d’action à succès, un nouveau […]
Tiré à part ou Tiré par les cheveux ? Toujours est-il que pour son premier film, Bernard Rapp semble avoir puisé dans son vécu professionnel, accommodant reliefs d’Assiette anglaise et chutes de Caractères. Un éditeur anglais de grande renommée reçoit un jour d’un de ses amis, auteur français de romans d’action à succès, un nouveau manuscrit étrangement personnel. Gosh ! Le livre évoque un crime perpétré des années auparavant sur un vieil amour de l’éditeur et dont l’écrivain semblerait être le coupable. La vengeance, sous forme d’élaboration d’un faux roman, s’amorce doucement tandis que nous entrevoyons avec mélancolie ce que Fritz Lang aurait fait d’une telle trame, même aussi improbable. On en est d’autant plus loin que le film s’est déjà voilé d’une irritante préciosité à l’allure de Tirez les premiers. Cette anglophilie outrancière voue l’histoire à une série de clichés Quality Street, des dialogues chargés de bons mots à l’acidité téléphonée au cabotinage incessant des seconds rôles. Toujours prêt à en faire des tonnes, Daniel Mesguich reste le clou de cette farandole carnavalesque, dans une parodie d’écrivain maudit, Faust ridicule. Bernard Rapp passe alors très vite sur une évocation des sourdes intrigues des milieux littéraires, ce qui, eu égard à ses explorations télévisuelles et à sa naturelle causticité, promettait d’être savoureux. Apparemment soucieux de livrer un objet lisse et manufacturé, il élabore une mise en scène flegmatique et impassible et crée un univers dénué de toute perversité, définitivement compassé. Et puisque tout suspense est gommé par ce goût du propret, ne reste plus qu’un pas à entamer pour Tirer à boulets rouges. Distance infranchissable depuis qu’on a entraperçu les yeux de Terence Stamp. Deux taches bleues et une distinction aristocratique qui font tenir le film contre vents et marées. Sobre et émouvant, perdu dans un exercice de style un peu trop vain, il est le seul à habiter son personnage par une considérable retenue, loin de l’émolliente dévotion de l’ensemble.
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