Taika Waititi se prend les pieds dans la cape de son super-héros en livrant une œuvre caricaturale qui use et surtout abuse d’autodérision.
Pour mieux se préparer à Thor : Love and Thunder, il faut davantage regarder du côté de la rom com de Noël que du film de super-héros. Entre son traîneau tiré par des chèvres qui se promène de planète en planète et sa bande de gosses récompensée d’un cadeau suprême pour avoir été bien sages, le film étale péniblement sa love story entre humains, Dieux et haches. Sertie de métaphores filées autour du sentiment des marteaux (impuissance, jalousie, bouderie, réconciliation…), toute la science dramaturgique, qui permet habituellement de ficeler avec rendement un épisode Marvel, se vautre ici dans un format réduit à l’os. Un conte multicolore bien terne qui se méfie bien de déployer autre chose qu’une auto-dérision suffocante.
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Avec des charges musicales hurlantes de Gun’s and Roses pour tenter d’électriser des affrontements sous respiration artificielle, même la beauté éphémère d’un certain kitch s’est éteinte. De ce quatrième volet autour du dieu nordique, reste alors le sentiment d’une aventure malade, dénuée de toute gravité. Taika Waititi, à qui l’on devait déjà le précédent opus, l’assommant Thor : Ragnarok (2017), poursuit sa traversée viking, jusqu’au pays du grand nanar boursouflé. Alors qu’il avait tout un background digne d’une grande tragédie, Thor est devenu le personnage le plus détestable du MCU : un grand clown bas du front qui prend trop de place.
Un Marvel que l’on aura très vite oublié
Les nouvelles têtes apparues ne permettent pas de rehausser la teneur de cette grande guerre galactique. Exporté de DC jusqu’au MCU, Christian Bale, en tant que massacreur des Dieux (Voldemort version Mad Max), ne fait pas la part belle à son Apocalypse, devenue une camelote clinquante. Autre nouvelle recrue, Russell Crowe, (Zeus en tutu beauf qui fait un peu pitié) serait le Dieu symptomatique de toute cette déliquescence : le spectacle en lieu clos s’éternise dans un entre-soi embarrassant où les personnages, tous en cercle, deviennent eux-mêmes spectateurs de leur propre désastre. Attention, la besace des films Marvel “oubliables” se remplit de plus en plus vite, et ça commence sérieusement à se voir. Pas de Valhalla pour Waititi !
Thor : Love and Thunder de Taika Waititi en salle le 13 juillet
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