La rencontre sexuelle intense de deux garçons, suivie par l’angoisse de la transmission du VIH. Un film remuant sur le désir.
L’histoire est d’une belle simplicité : celle de deux jeunes hommes, Théo (Geoffrey Couët) et Hugo (François Nambot) qui se rencontrent dans un sex-club – scène quasi documentaire où tous les rituels, us et coutumes sont à l’image avec réalisme, sous des éclairages vifs rouges ou bleus. Le film nous montre le désir et sa montée. Une musique électronique la rythme, la désigne encore. Les sexes en érection sont visibles, mais ce sont comme des sculptures, des emblèmes phalliques qui disent le plaisir, sans vergogne. Mais ils ne tombent jamais dans la vulgarité. Ou plutôt ils se situent au-delà de la vulgarité. Comme dans certains films de Paul Vecchiali ou d’Alain Guiraudie, auxquels on pense parfois.
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Le titre du film rappelle bien sûr l’un des plus beaux films de Jacques Rivette, Céline et Julie vont en bateau. Et puis il y a dans cette déambulation nocturne dans Paris en temps réel quelque chose de Cléo de 5 à 7 d’Agnès Varda. De Cléo…, Théo et Hugo dans le même bateau tire à la fois la fantaisie et la gravité : l’urgence de vivre et d’aimer parce que la mort est sinon proche en tout cas voisine.
Car, après l’orgasme, Théo et Hugo se rhabillent et se retrouvent dans la rue. On pense un peu à une vieille blague. Le réel est de retour. Une rue parisienne déserte. Comment aller plus loin que l’extase du corps ? Mais les deux hommes se rendent compte soudain que Théo a omis de mettre une capote. Or Hugo est séropositif. Deuxième couche de réel, chute idéelle. Alors, après la scène hallucinante de la boîte, ils suivent le protocole et foncent à l’hôpital pour le traitement préventif d’usage. Scène encore une fois très pédagogique, d’une belle clarté, sans chichis. Mais après le réel, il y a un retour à autre chose. Il y a quand même toujours Paris qui respire, et Théo et Hugo continuent à marcher dans ses rues, ils attendent le premier métro et se retrouvent chez Théo et c’est très beau.
Sept films après Jeanne et le garçon formidable, et malgré des hauts et des bas, Ducastel et Martineau continuent sur la même voie. Où il est en fin de compte toujours question de ce moment mystérieux et horrifiant où la libération sexuelle a fait place à une maladie hautement mortelle. Où le plaisir et la souffrance, le rêve et le réel le plus dur se succèdent l’un à l’autre, sans cesse, de façon cyclique. Certes, aujourd’hui, le VIH est toujours là – et on en meurt encore –, mais on possède des moyens de lutte contre lui. L’espoir existe. Théo et Hugo… raconte la naissance de l’amour au beau moment où le jour se lève.
Théo & Hugo dans le même bateau d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, (Fr., 2016, 1 h 37)
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