The Yards de James Gray séduit par sa tonalité crépusculaire et ses dialogues chuchotés. Si The Yards déçoit un tantinet, c’est surtout relativement à l’attente placée sur le nom de James Gray, attente à la fois temporelle (cinq ans qu’on attendait ce deuxième film) et qualitative (Little Odessa avait laissé une empreinte durable). The Yards […]
The Yards de James Gray séduit par sa tonalité crépusculaire et ses dialogues chuchotés.
Si The Yards déçoit un tantinet, c’est surtout relativement à l’attente placée sur le nom de James Gray, attente à la fois temporelle (cinq ans qu’on attendait ce deuxième film) et qualitative (Little Odessa avait laissé une empreinte durable). The Yards est d’ailleurs une sorte de remake de Little Odessa, et en même temps son contraire. Il en reprend les thèmes et les motifs : le retour du fils prodigue, le quartier et la famille, l’importance des mères vertueuses et les figures de pères corrupteurs, la proximité de la tragédie antique et la construction sobrement opératique. Mais là où Little Odessa était diurne, blanc et neigeux, The Yards sera nocturne, noir et ocre.
Au passif du film, on notera qu’il ne renouvelle absolument pas le genre du film noir, que ce soit sur le plan thématique, narratif ou formel. Plastiquement, The Yards peut être identifié comme néoclassique, avec sa facture propre et lisse, et la présence trop forte du production designer, la plaie récurrente de la NQA (nouvelle qualité américaine). Malgré tout, The Yards est loin d’être un objet insignifiant à balayer d’un revers de regard.
A la colonne crédit, on mettra d’abord le casting. En sus d’un Wahlberg idoine et d’un Joaquin Phoenix très Elvis 1956, on remarque la présence de chères vieilles branches (James Caan, Faye Dunaway, Ellen Burstyn) qui habitent puissamment le film et indiquent d’où vient le désir de cinéma de Gray : du cinéma américain des seventies il y a pire comme référent. Mais c’est dans les détails que le film creuse sa différence, par exemple le son : bruits étouffés de la ville, dialogues le plus souvent murmurés, plages de silence. The Yards est un film en sourdine que l’on écoute au moins autant qu’on le regarde. Et quand on le regarde, on garde en tête la dominante crépusculaire, mordorée de la photo, ou encore la progression déflationniste de l’histoire sur un tempo de marche funèbre. Le film échappe ainsi à l’académisme qui le menace constamment.
The Yards n’est certes pas terrassant d’originalité et si James Gray n’est pas Scorsese ou Ferrara, il rejoue certaines gammes connues du cinéma américain avec suffisamment d’élégance et de doigté pour qu’on tende l’oreille.
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