Visible sur Amazon Prime Video, cette description du processus de désamour au sein d’un vieux couple se saborde au nom de la bien-pensance. Et cela en dépit d’une Glenn Close impeccable
Reparti bredouille des oscars malgré sept nominations, The Wife remplissait idéalement la case de la fiction féministe lors d’une soirée où la puissance des causes semblait l’emporter sur tout autre considération. Grande favorite pour le prix de la meilleure actrice, Glenn Close incarne Joan, épouse et femme de l’ombre du célèbre écrivain Joe Castleman (Jonathan Pryce).
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Le film s’ouvre sur une nuit agitée : le couple attend fébrilement l’heureuse nouvelle d’un prix Nobel de littérature qui tombe au petit matin. Excités comme des enfants, Joan et Joe font leurs bagages et se rendent en Suède pour un séjour qui finira par être fatal à leur couple. Tandis que l’écrivain ploie sous les honneurs et les cérémonies officielles, Joan est de plus en plus irritée par un mari dont elle ne voit plus que les défauts.
Si la première partie de The Wife documente avec un regard affûté le quotidien d’un vieux couple et l’exaspération grandissante de Joan, il faudra attendre la deuxième partie pour que tout ce patient travail d’observation soit tout simplement sapé par une succession de retournements aberrants.
Lubie scénaristique
Au lieu de poursuivre sur la voie de l’examen psychologique sous influence bergmanienne, le film opère un virage à 180 degrés où la “masculinité toxique” dévoile enfin son vrai visage. Subitement, des années de soumission féminine prennent fin par la seule force d’une lubie scénaristique grotesque. En condamnant son personnage masculin, The Wife ne se rend même pas compte qu’il prive son héroïne de toute substance et ce malgré une Glenn Close impeccable.
Cette manière de balancer par-dessus bord la fiction et ses subtilités pour faire primer les gros sabots de la cause juste donne lieu au pire ressort de la fiction bien-pensante : la revanche stérile.
The Wife de Björn Runge, avec Glenn Close, Jonathan Pryce, Christian Slater, (E.-U., G.-B., Sui., 2017, 1 h 40)
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