Robert Pattinson lâché dans un western moderne, ironique et poisseux où l’on distingue l’ombre ironique et absurde de Sergio Leone.
Sur les routes désertes de l’outback australien, transformé en Far East (à peine) futuriste, empire de poussière gouverné par le fric et l’armée, les mafias chinoises et quelques paumés, un type taiseux (Guy Pearce, pour une fois sobre) se fait faucher sa bagnole – qui n’est pas, contrairement à ce qu’on pourrait croire, de marque Rover, ce dernier mot signifiant simplement “vagabond” en anglais.
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Bien décidé à récupérer son bien, il se lance à la poursuite des voleurs, et tombe par hasard sur le frère de l’un eux, laissé pour mort par ses comparses, et bien paumé lui aussi. C’est Robert Pattinson qui incarne, avec une extrême précision, ce personnage d’idiot congénital.
Ils sont peu nombreux, les acteurs à pouvoir jouer les demeurés sans ressembler à Ben Stiller dans Tonnerre sous les tropiques (c’est-à-dire une risible bête à oscar) ; Pattinson est de ceux-là, et Leo DiCaprio l’avait été jadis (remember Gilbert Grape).
Second long métrage de David Michôd, The Rover se déroule à nouveau dans un Animal Kingdom (titre de son premier essai), un royaume d’animaux où la vie des humains ne compte pas plus que celle des chiens – peut-être un peu moins. Et si le premier film avait Scorsese pour horizon, l’ombre de Sergio Leone plane sur celui-ci, western moderne pétri d’absurdité et d’ironie.
Michôd a toutefois cette manière bien à lui de filmer la violence, la faisant perler dans l’air poisseux comme la sueur sur le front. C’est lent, tendu, implacable. La manière est certes visible, mais jamais elle ne se gargarise d’elle-même, comme ce pouvait être le cas chez son compatriote Andrew Dominik (L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford) auquel on pense parfois.
Autrement dit, et en dépit des lacunes de son scénario (l’absurdité n’excuse pas tout), Michôd ne fait pas le malin : son film est féroce mais sensible, attentif à la cruauté du monde mais refusant de s’y draper. La confirmation qu’un nouvel auteur s’active aux antipodes.
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