Un biopic de Lance Armstrong qui se disperse dans trop d’anecdotes.
S’il avait été réalisé quelques années plus tôt, The Program eût été un tout autre film – celui d’une bataille contre la maladie récompensée par un triomphe sportif, ou plus tard celui d’un champion à la retraite qui, en mal de challenges, se perd dans un come-back fade. On se serait délecté aujourd’hui de l’existence de tels films célébrant des vérités révolues, balayées par le scandale du dopage, d’où certainement que Frears intègre à son film la mention de ces anciens projets (“ils veulent faire un film sur moi, Matt Damon doit tenir le rôle”, lâche Armstrong/Ben Foster).
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
La vie du champion-tricheur est, comme celle de tous les menteurs, faite de plusieurs vies, ainsi son biopic – adapté de l’enquête Seven Deadly Sins du journaliste irlandais David Walsh – est-il fait de plusieurs biopics. Autour d’un programme classique de rise and fall (dont l’indispensable chapitre “rédemption” n’a pas encore été écrit, ce qui laisse un vrai goût de “film de salaud” quittant Lance Armstrong dans une posture morale peu reluisante), The Program s’équipe donc d’une multitude d’angles d’approche qui lui donnent des airs de labyrinthe narratif alors même qu’il respecte une chronologie impeccable.
Flot d’anecdotes
En s’emmêlant ainsi les pinceaux, Frears égrène moins les “péchés capitaux” d’Armstrong que ceux du biopic lui-même, se laissant porter par le flot des anecdotes du fait d’un pur fétichisme de la ressemblance inhérent au genre, et peinant de facto à inscrire un sens à la vie racontée, à insuffler à l’ensemble l’esprit d’une fiction sculptée par les forces du destin (grande affaire, là aussi, du genre). Atteint d’un appétit vorace qui le pousse à tout décalquer sans rien retracer, The Program manque donc avant tout de maintien même s’il contenait, certainement, trois ou quatre films potentiellement intéressants.
The Program de Stephen Frears, avec Ben Foster, Chris O’Dowd (G.-B., Fr., 2015, 1 h 43)
{"type":"Banniere-Basse"}