Des ados en guerre contre le monde dans un film d’animation.
Le premier film d’Antoine Charreyron, The Prodigies, déploie avec une telle morgue ses performances techniques – certes inédites dans le plat pays de l’animation française – qu’il sacrifierait presque le beau mélodrame que couve son récit.
Mais ni la 3D décorative, ni les mouvements de caméra hystériques ou l’hideuse motion capture (à ce point de réalisme, c’est quasiment du Sims) ne sauraient entamer l’émotion du roman d’initiation de Bernard Lenteric, La Nuit des enfants rois, dont le film reprend l’idée originale.
Celle, très inspirée par les comics américains (le roman est publié en 1981), de cinq adolescents désœuvrés, pourvus de superpouvoirs mais pris d’une “fièvre sombre” qui se traduit par une haine sans limites pour le monde des adultes.
La colère teen, sous-jacente dans toute la mythologie X-Men (se retirer du monde ou le sauver), explose ici dans d’étonnantes bulles de violence graphiques où la bande d’orphelins exerce sa vengeance aveugle contre les adultes – figurés comme des monstres édentés.
Dans ces moments de terreur, le film laisse surgir un peu d’humanité bienvenue dans un univers de pixels.