Alors que la révolution d’Octobre titille encore les esprits et que la révolte gronde chez les mineurs anglais, Wallace Worsley réalise en 1920 un curieux film social, phénomène d’autant plus étrange que le metteur en scène est américain. A la fin du siècle dernier, Blizzard, un jeune garçon, se fait amputer des deux jambes par […]
Alors que la révolution d’Octobre titille encore les esprits et que la révolte gronde chez les mineurs anglais, Wallace Worsley réalise en 1920 un curieux film social, phénomène d’autant plus étrange que le metteur en scène est américain. A la fin du siècle dernier, Blizzard, un jeune garçon, se fait amputer des deux jambes par un médecin venu le soigner d’une tumeur à la tête. Cette erreur chirurgicale va opérer une transformation radicale dans le devenir de l’enfant. Dans le San Francisco des années 20, Blizzard est à présent le redoutable chef des bas-fonds de la ville, et son vœu le plus cher est à la fois de se venger du chirurgien, devenu riche et célèbre, et de mettre en place le plus grand casse du siècle à l’aide d’une armée composée d’ouvriers en colère exploités par le capitalisme naissant. On découvre à travers les desseins de Blizzard que l’exemple de la révolution russe n’a pas marqué que les Européens, et c’est en appliquant un principe trotskiste que Blizzard s’infiltre dans la maison du riche chirurgien et de sa fille Barbara, une jeune artiste inspirée, à laquelle notre héros sert de modèle pour une sculpture censée représenter Satan. La mise en scène du film repose sur ces deux lieux : l’atelier de la sculptrice et la planque de Blizzard. Dans ce dernier, une vie souterraine est organisée à l’image de la ville : des femmes cousent sans relâche, dans un décor assez proche de l’idée que l’on peut se faire de l’usine, de la guerre (les femmes remplaçant les hommes dans les usines), et de l’enfer (Blizzard/Satan jouant du piano et maltraitant les femmes). Ce film est assez proche de l’univers de Tod Browning (par son sujet) et de celui de Griffith (pour sa poésie). Outre l’interprétation et une mise en scène rythmée, le film développe une conscience sociale et politique avant-gardiste quant aux préoccupations du Hollywood des années 20. La condition ouvrière est montrée de manière d’autant plus intéressante que l’on voit que ce sont les ouvriers qui détiennent le pouvoir, et ce en plein boom capitaliste. Il n’y a que Les Temps modernes, de Chaplin, qui par la suite put traiter d’un sujet aussi délicat sous forme de comédie. The Penalty reste une curiosité muette et mélodramatique, à redécouvrir rapidement.
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