Un thriller d’espionnage d’une grande sobriété sur la crise identitaire d’une agente sous couverture.
de Yuval Adler
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Avec Diane Kruger, Martin Freeman, Cas Anvar (All., Isr., Fr., 2019, 1h56)
Montrer le hors-champ des films d’espionnage classiques. C’est sûrement ce qui a convaincu le cinéaste Yuval Adler de faire The Operative. Qu’y a-t-il avant l’exécution d’une opération d’espionnage, avant l’arrivée en Aston Martin, le vodka martini, les coups de feu et les explosions ? Adler délaisse l’action et le bling-bling pour approcher le genre par une grande sobriété à la fois dans sa mise en scène (que l’on pourra trouver toutefois un peu effacée) et dans son récit d’une étonnante simplicité.
Ici, pas de multiples rebondissements, de retournement de veste à double ou triple détente, mais la description attentive et minutieuse de la construction d’une couverture par une espionne. Rachel, ex-agente du Mossad (Diane Kruger, très convaincante), est infiltrée à Téhéran et doit se construire un nouveau cercle d’amis, des habitudes, une réputation.
Une étape fastidieuse et peu impressionnante qui constitue pourtant la base de l’espionnage : tuer son ancienne identité et en faire revivre une autre au sein d’un même corps. On trouvera ici un écho évident avec la préparation minutieuse d’un.e acteur.trice pour préparer un rôle : ne faire plus qu’un avec le personnage, penser comme lui, quitte à ne plus être soi-même.
C’est précisément ce dont parle The Operative : comment le trouble identitaire s’installe chez une agente qui s’isole dans un pays inconnu et commence à ne plus savoir qui elle est. Le spectateur est alors saisi d’un vertige, ne pouvant plus distinguer les actions de Rachel de celles de sa couverture. C’est finalement en voyant The Operative que l’on réalise que, de James Bond à Ethan Hunt, tous les grands espions de fiction sont en fait de sérieux psychopathes.
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