Entre scénario alambiqué et chromos américains, le nouveau Wenders est ennuyeux et démodé. Malgré quelques beaux éclats. Après avoir été adulé au-delà de toutes proportions, et donc figé dans une image qu’il s’acharne à déjouer avec une belle constance, Wim Wenders est devenu un cinéaste insaisissable, capable du pire ratage (Si loin, si proche, son […]
Entre scénario alambiqué et chromos américains, le nouveau Wenders est ennuyeux et démodé. Malgré quelques beaux éclats.
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Après avoir été adulé au-delà de toutes proportions, et donc figé dans une image qu’il s’acharne à déjouer avec une belle constance, Wim Wenders est devenu un cinéaste insaisissable, capable du pire ratage (Si loin, si proche, son seul film vraiment pas regardable) comme d’une réussite mineure camouflée sous des allures de conte philosophique sentencieux (Jusqu’au bout du monde, décidément pas si mal, malgré le discours plombant).
Alors qu’il était le héros le mieux partagé des années 80, Wenders est devenu une sorte d’alien international dont plus personne ne semble vouloir, un cinéaste perdu dont chaque nouvel échec conduit à réestimer le précédent. Moins clinquant et encore plus ennuyeux que The End of violence, The Million dollar hotel est un mauvais film plutôt sympathique, qui paraît écrit par un préadolescent chanteur de rock (« T’as dit du mal de ma copine, alors j’t’aime pas ! », sacré Bono, va). L’ensemble souffre d’un tel manque de maîtrise que le juste éreintement qu’il appelle de toutes ses faibles forces devient soudain impossible à écrire.
D’abord conçu comme un projet futuriste et munificent à la Bilal, The Million dollar hotel est devenu un film presque pauvre qui cumule tous les pires handicaps de départ, un film d’ancien riche, qui pense nettement au-dessus de ses moyens (Wenders devrait arrêter avec la société du spectacle, c’est pénible), et n’est finalement sauvé que par sa confondante naïveté, le chromo littéraire ricain remplaçant avantageusement les images iconiques des merdouillages précédents. Aussi peu à l’aise avec les banalités d’usage sur les médias qu’avec la structure inutilement compliquée d’un scénario digne d’un dimanche de spleen-chocolat chaud-branlette, Wenders se rattrape comme il peut aux branches les moins fragiles : ses incontestables talents de filmeur (encore perceptibles dans les scènes en chambre entre Davies et Jovovich), l’énergie risque-tout de sa comédienne principale (Milla est grande) et ce qui lui reste d’humour pesant et pas très drôle. Mel Gibson en Robocop mélancolique, fallait y penser. Et The Million dollar hotel de sonner comme un premier film mal foutu qu’on aurait pu verser dans la catégorie « inabouti mais prometteur ». Le drame est que c’est son vingtième.
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