Comment accabler ses personnages au nom du pragmatisme.
Un titre à double tranchant. Au premier abord, il s’applique littéralement au métier de l’héroïne, Nadia, professeur d’anglais dans un lycée bulgare qui, en plus de la matière qu’elle enseigne, se sent investie d’une mission morale – notamment lorsqu’un élève commet des vols en douce dans la classe.
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Mais au bout du compte, la “leçon”, c’est celle que la vie infligera à cette femme si intransigeante. Elle se retrouvera dans une situation qui l’amènera à commettre à son tour une transgression (plus grave que celle de son élève).
Cela dit, on ne peut se départir de l’impression que les réalisateurs surplombent leur sujet et leurs personnages. Certes, ils cherchent à démontrer que la situation économique en Bulgarie, un des pays les plus pauvres d’Europe, est dramatique, et qu’une partie de la société est aux abois.
Une forme de sadisme gratuite
Mais au-delà de ce simple constat, ils semblent jouer avec leurs personnages-exemples (dénués de réel libre arbitre).
Montrer presque en temps réel, caméra à l’épaule, la pauvre Nadia courant comme une dératée à travers champs pour arriver, après mille embûches, à déposer une somme dérisoire à la banque et éviter la saisie de sa maison, est une forme de sadisme.
Il faut qu’elle souffre, que l’accumulation de suspense soit optimale pour que la leçon de vie rentre dans sa petite tête, et que le spectateur soit soufflé.
On n’est pas très loin de l’esprit d’Hitchcock. Mais au moins il avait des visées esthétiques ou romanesques que n’ont pas les deux réalisateurs, noyant leur sujet dans le déterminisme social. On ne peut pas réellement construire une dramaturgie sans distanciation.
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