Une chronique post-Fukushima sensible, pédagogique et parfois drôle.
Avant Grand Central de Rebecca Zlotowski, voici le premier mélo
de l’année 2013 sur fond de centrale nucléaire. Un film tout en dignité que l’on n’attendait pas forcément de Sono Sion, plus habitué
au terrorisme pop, aux éclats punk dans ses attaques contre la société nippone.
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Son sujet reste polémique : le trauma de Fukushima, répété ici lorsqu’une centrale nucléaire explose suite à un tremblement de terre. Le village avoisinant est touché, en particulier un couple de fermiers âgés, leur fils, leur belle-fille enceinte et un autre couple de jeunots. Le cinéaste conserve en fait la même colère et la même énergie que dans ses précédents films mais pour les convoyer autrement – unplugged.
La charge est ample et pédagogique car, en plus de deux heures, le film a le temps d’évoquer la quiétude d’avant la catastrophe et d’exploiter au mieux ensuite son décor postapocalyptique. Entre les deux, Sono Sion peut tirer sur l’Etat menteur et incompétent, l’infantilisation et l’ignorance du Japonais moyen face au désastre, et broder sur le spleen des civils devenus comme des réfugiés échoués chez eux.
C’est du côté de l’émotion que le film est le plus réussi, à travers le regard de ces fermiers qui refusent de décamper de chez eux. Leur routine à la fois zen et subie est un tire-larmes.
Le cinéaste n’a pas oublié sa fantaisie quand il use d’un personnage accroché à sa combinaison antiradiations à des fins comiques et anxiogènes. Ou lorsqu’il rend hommage au Radioactivity de Kraftwerk sans avoir à payer les droits de la chanson.
Les fans de son précédent Love Exposure bariolé resteront sur leur faim mais son couple de seniors rejoint tout de même sa galerie de personnages extrêmes, butés, sur un mode sotto voce où le cinéaste-poète demeure lyrique en diable.
Comment vivre après l’apocalypse ? A deux malgré et contre tout, un compteur Geiger en guise de cœur.
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