Pour son deuxième long métrage, Eskil Vogt n’échappe pas aux écueils du cinéma fantastique contemporain.
Alors que la plupart des enfants sont en vacances d’été, la jeune Ida erre sans but dans un immense complexe immobilier dans lequel elle vient d’emménager avec ses parents. Accompagnée de sa sœur autiste, elle se lie rapidement d’amitié avec Benjamin, un garçon d’apparence charmant mais au comportement étrange. Surtout, il semble doté d’un pouvoir surnaturel.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Les mêmes défauts que Joachim Trier
Le deuxième long métrage d’Eskil Vogt, fidèle coscénariste de Joachim Trier, est une parabole horrifique et surnaturelle sur la cruauté des enfants, qui établit plusieurs parallèles narratifs avec Thelma du même Trier, notamment un pouvoir de télékinésie alloué aux personnages. Comme chez le réalisateur norvégien, l’idée de départ est belle, passionnante, mais contient également tout ce qu’on pouvait reprocher au film de son homologue : cette façon d’envisager le mystère en privant ses spectateur·ices de toutes sortes d’informations de fond pour maintenir le récit ouvert aux multiples interprétations. The Innocents devient alors un fourre-tout théorique où tous les commentaires s’empilent et annulent le précédent, quitte au final à ne plus dire grand-chose. Progressivement, les personnages se dématérialisent en des surfaces lisses, conduits et enfermés par un fil narratif programmatique.
À ce défaut récurrent d’un certain cinéma fantastique trop consciemment allégorique (notamment le récent Lamb), s’ajoute tous les écueils du cinéma post-hanekien où triomphent le glaçage et la distanciation formelle, les intentions sursignifiantes et une représentation de la violence toujours à la lisière du dolorisme). De la maltraitance animale au matricide, des coups de couteau à la lapidation, la cruauté est encapsulée sans jamais retrouver la vigueur du commentaire social et historique du cinéaste autrichien qui, de Benny’s Video au Ruban blanc, demeure l’un des commentateurs les plus acides et pertinents de la malveillance juvénile.
The Innocents d’Eskil Vogt, en salles le 9 février.
{"type":"Banniere-Basse"}