Un exercice de conformisme scorsesien dynamité par la folie de Michael Shannon.
Usant du label à la mode “d’après une histoire vraie”, The Iceman est l’œuvre d’une équipe israélienne férue de polar scorsesien, qui a réuni tous les atouts pour réussir un clone parfait.
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S’inspirant de diverses sources (documentaire, livre), Ariel Vromen retrace de manière dynamique la vie du terrible Richard Kuklinski, tueur de la mafia au palmarès impressionnant, surnommé The Iceman en raison de son inaltérable cruauté. Mais la particularité de Kuklinski est ailleurs : le méchant mène une parfaite double vie, faisant croire à ses proches, et en particulier à sa femme adorée, qu’il est agent de change.
On devine en filigrane ce qui pourrait fasciner un cinéaste israélien : Kuklinski était un Eichmann en puissance, un fonctionnaire du meurtre, cloisonnant parfaitement vie privée et vie professionnelle. Banalité du mal… Comparaison un peu poussée, mais qui peut venir à l’esprit. De toute façon, Vromen semble avant tout motivé par l’imitation de ses modèles, Les Affranchis ou Le Parrain, et la reconstitution historique – l’histoire se déroule des années 60 aux années 80.
La limite de ce polar correct est sa conformité, pour ne pas dire son conformisme. Voir l’absence d’imagination consistant à confier à Ray Liotta (révélé par Scorsese) le rôle de boss mafieux qu’il joue de film en film. A l’inverse, avoir pensé à Michael Shannon pour le rôle-titre est une décision brillante. Si celui-ci est mis à toutes les sauces en ce moment, frisant la surexposition, il surprend ici grâce à un vrai rôle de composition, qui sauve le film de l’insignifiance. Alliant sa maladresse engoncée, sa délicatesse amoureuse à la froideur aveugle du tueur, il crée une figure mémorable. The Iceman est sans doute son rôle le plus flamboyant, et justifie à lui seul la vision du film.
Reconnaissons par ailleurs que le réalisateur sait jouer du corps de l’acteur, utilisant les différentes coupes de cheveux, les tailles de moustache et de barbe du tueur, pour marquer le passage du temps. Défilé capillaire permanent qui remplace parfois même l’intrigue, ou du moins la renforce (exemple : lorsque le chevelu Mr. Freezy se rase la tête pour échapper
à ceux qui le traquent). Procédés anecdotiques, certes, mais grâce auxquels le cinéaste confère l’impression de la durée (l’histoire se déroulant sur plusieurs décennies).
En résumé, une minifresque relativement ordinaire qui évite l’insipidité de la croûte grâce à un piment entêtant : Michael Shannon.
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