Le dernier film de Tom Six, « The Human Centipede 2 », écope d’une rare interdiction d’exploitation sur le territoire britannique. Motif invoqué : des « actes de violence, dégradation et mutilation » qui représentent « un risque pour les spectateurs potentiels ».
Des histoires de savants fous, de sadisme, de fétichisme gore et d’anus cousus aux bouches des victimes (Human Centipede) : très peu pour la Grande-Bretagne. Dans un communiqué publié lundi, le comité de censure British Board of Film Classification (BBFC) annonce avoir interdit le film The Human Centipede 2 du bisseux néerlandais Tom Six, au motif assez nébuleux d’un « risque pour les cinéphiles » soumis au spectacle de nombreux « actes de violence, dégradation et mutilation ».
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L’interdiction du film ne se limite pas à l’exploitation en salles (de toute façon peu probable pour ce genre de série B fauchée), mais aussi, fait plus rare, aux réseaux de vente DVD et aux plateformes de téléchargement payant –bref, une censure totale. C’est seulement le 11e film interdit dans ces conditions en un siècle par la BBFC, qui s’illustre encore, un an à peine après le blocage polémique d’A Serbian Film au festival Film4 FrightFest.
Plus gore, plus cul, plus malsain
Le premier volet de The Human Centipede du réalisateur néerlandais Tom Six s’était déjà illustré l’an dernier dans la catégorie très convoitée des pires-films-de-l’histoire-du-cinéma. On y découvrait le désormais culte Docteur Heiter (incarné par le cabotin Dieter Laser), un chirurgien fou sous influence sadienne qui s’était lancé dans l’opération absolue : la création d’un « mille-pattes » humain -la bouche d’une victime étant reliée à l’anus d’une autre. Pitch suffisamment génial (ou débile) pour assurer au film un mini culte sur Internet, bientôt dépassé par la déferlante A Serbian Film au registre du mauvais goût.
Toujours selon la même logique marketing, Tom Six annonçait l’an dernier dans un teaser la mise en chantier de la suite de The Human Centipede : plus gore, plus cul, plus subversive.
« Et maintenant, préparez-vous pour la deuxième partie, qui va vraiment être le film le plus malsain de tous les temps », déclarait-il, modeste.
Et il a bien été entendu par la BBFC qui a refusé au film l’interdiction aux moins de 18 ans (synonyme d’une exploitation quasi impossible en salles mais autorisée en DVD) au profit d’une censure totale sur le territoire britannique.
Selon le Guardian, le comité de censure décrit l’intrigue du film comme « le fantasme sexuel d’un personnage central, qui reposerait sur l’idée et le spectacle d’une totale dégradation, de l’humiliation, de la torture et du meurtre de ses victimes ». Le motif essentiel de la polémique tient dans les modifications apportées à la franchise : dans The Human Centipede 2, un homme obsédé par la vision du DVD du premier film chercherait à reproduire lui-même les crimes du Docteur Heiter. C’est cette vision réaliste qui a titillé les censeurs, pour qui le film de Tom Six ne pouvait plus être considéré comme une simple production horrifique.
Quels risques ?
Quelques mois après la polémique A Serbian Film en Espagne, l’interdiction de The Human Centipede 2 (qui n’aura d’autres conséquences objectives que d’alimenter le buzz autour du film) relance donc le débat sur les limites imposables à la représentation de la violence dans les médias. Selon la BBFC, le film de Tom Six pourrait enfreindre la loi britannique sur les publications obscènes, et représenter « un véritable risque pour les spectateurs potentiels ». Parmi les morceaux de bravoure du film, le Guardian évoque une scène dans laquelle un homme viole une femme le pénis entouré de barbelé ; une autre où le psychopathe oblige ses victimes à se déféquer dessus…
« Il y a peu d’efforts faits dans ce film pour représenter les victimes comme autre chose que des objets destinés à être brutalisés, dégradés ou mutilés pour l’amusement et l’excitation du personnage principal, ainsi que pour le plaisir de l’auditoire », précise le BBFC.
En près d’un siècle d’activité, la BBFC n’a ordonné l’interdiction totale que de onze films, parmi lesquels les chefs-d’œuvre Freaks de Todd Browning et Massacre à la Tronçonneuse de Tobe Hooper. Pas sûr que The Human Centipede 2 ait la même postérité.
Romain Blondeau
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