THE FOUNTAIN de Darren Aronofsky
avec Hugh Jackman, Rachel Weisz
(E.
-U., 1 h 36, 2005).
Fable pompière sur la quête de l’immortalité
à travers trois époques enchevêtrées. Un océan
de tics (de montage) et de (décors) kitsch.
Darren Aronofsky, qui avait intrigué avec Pi
– délirante histoire juive -, fait frémir et irrite à la fois
(notamment avec Requiem for a Dream, gloubi-boulga
assez remuant). Le réalisateur ne semble pas savoir
faire autre chose que de jongler avec les images,
suggérant des millions de choses tout en ne disant
finalement rien. The Fountain remet en branle le
même système de marabout de ficelle, de gimmicks
de montage trépidants et de raccords géométriques.
Le principe est identique : musique répétitive et
lancinante, tics cycliques et kaléidoscopiques,
répétitions d’images. Les couleurs, les décors, le sujet
ont changé mais les ritournelles hypnotiques
du cinéaste sont identiques. La seule différence, c’est
le style cossu de la production, qui a ce côté sombre
et mordoré des pubs pour parfum. The Fountain
est la version nouveau riche de Requiem for a Dream.
L’équipe d’Aronofsky est passée de huit personnes à
trois cents entre son premier long métrage et The
Fountain. Trois cents gogos qu’il a réussi à embarquer
dans une invraisemblable croisade métaphysique.
« L’idée germa dans l’esprit de Darren Aronofsky quand
il réalisa qu’en dépit de l’importance du mythe de la vie
éternelle dans plusieurs cultures, étonnamment peu de
films ont été réalisés sur la quête de la fontaine de jouvence »
(dossier de presse). Le genre de sujet casse-gueule qui peut
à la rigueur être une plus-value dans certaines légendes
ancestrales. Mais pour adapter de telles fables,
il faut un sens de la relativité, voire de l’humour. Ce
n’est pas le cas de notre cinémégalo, qui a concocté
lui-même cette vague histoire de symbiose entre
l’humain et le végétal (un arbre magique), déclinée
sur trois périodes distillées au petit bonheur la
chance, avec les mêmes acteurs. Un chercheur tente
de découvrir une cure miracle pour sauver sa femme
mourante. Parallèlement, on assiste à la quête
de l’immortalité d’un conquistador et, simultanément,
les héros, projetés à travers l’espace dans une bulle
futuriste, atteignent l’illumination bouddhiste. C’est
à peu près tout ce qu’on peut tirer d’intelligible de ce
magma new-age. La métaphysique n’est envisageable
au cinéma que si l’on part d’une base tangible, d’un
constat humain. Si, comme Aronofsky, l’on se prend
pour un démiurge mystique, on risque de tomber
dans le kitsch psychédélique, dans le nirvana à la
sauce Las Vegas. En tout cas, nous ne sommes pas
plus avancés sur le sens de la vie. La belle arnaque.
Seuls des penseurs comme les Monty Python ont pu
traiter un tel sujet comme il se doit.