Le manga culte prend vie grâce à une animation de grande qualité et propose une double réflexion sur le sport et sa mise en scène.
Un quart de siècle après sa sortie, Slam Dunk, le manga de sport le plus vendu au monde, fait aujourd’hui un retour vibrant. Créé par le maître Takehiko Inoue et publié au Japon durant la première moitié des années 90, cette odyssée du basket inter-lycéen fut éditée en 31 tomes en France à l’aube des années 2000 : l’histoire d’un casse-cou qui se met à tâter de la balle orange pour conquérir le cœur d’une fille et qui se découvre un talent inné pour ce sport.
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Mais, chose étonnante, il ne sera pas le capitaine surdoué de son équipe, loin du schéma habituel des shōnen qui l’auraient tous placés en mastodonte superstar prêt à tout balayer sur son passage. L’adaptation animée de l’époque n’ayant jamais été menée à son terme, le nouveau long métrage d’Inoue, The First Slam Dunk, s’occupe ainsi de donner vie au match final du manga, se focalisant sur un personnage secondaire, le jeune meneur Ryota Miyagi.
Une forme d’éternité
Tout se déroule pendant le temps unique d’un match, entrecoupé de flashbacks qui viennent nous renseigner émotionnellement sur les joueurs du cinq majeur. Ces séquences en 2D, plus traditionnelles, interviennent comme des pauses bienvenues et contrebalancent celles, plus frénétiques, du match en lui-même. Balle en main, une superbe 3D se déploie et permet enfin de saisir un grand nombre de joueurs en mouvements simultanément. Le collectif n’est jamais abstrait : il est la somme d’individualités.
Le générique d’ouverture, crayonné au noir et blanc, donne le sentiment de donner vie au manga : les lignes se tracent, les corps se mettent en marche, l’équipe se forme et avance collectivement, sur un rock japonais athlétique. C’est tout ce que le film demande doublement : comment “animer” une équipe ? Par le stylo et par le feu. The First Slam Dunk propose une réponse en s’ancrant dans la réalité, loin des invraisemblables actions de Prince du Tennis ou Olive et Tom. Le film s’attache ainsi farouchement au basket-ball, en préserve sa grammaire et sa philosophie même.
The First Slam Dunk, s’il est un grand film sur ce sport, est aussi une réflexion sur l’intensité physique et sa représentation, comme l’équipe se cimente par la mise en scène. En ce sens, sport et cinéma trouvent une dramaturgie commune, réunis ici par l’animation, et touchent du bout du doigt une forme d’éternité, jusque dans un final expérimental inouï (noir et blanc, mutisme, glitchs….) et quasi orgasmique. Au son du filet frotté par un ballon qui rentre dans l’arceau, le héros le dira ainsi : “Ce bruit me ressuscitera toujours.”
The First Slam Dunk de Takehiko Inoue, en salle le 26 juillet.
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