Un Playtime low cost sur la torpeur de la vie résidentielle.
Un prof de physique israélien dérègle sa vie routinière : il passe ses journées à la maison à scruter le mobilier et à épier ses voisins. Avec son premier long, La Visite de la fanfare, on avait identifié Eran Kolirin comme un Tati à froid et moyen-oriental. Le spectateur sensible à l’humour du film sera surpris par la sécheresse de The Exchange, qui mise ici sur la combustion (très) lente : plans fixes jusqu’à l’épuisement, sensation de déjà-vu et acteurs hagards.
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La technique veut réenchanter le quotidien résidentiel. Du Playtime volontairement low cost où, s’il y a regard enfantin, celui-ci serait vraiment anxieux. Les salles de séjour sont d’autres planètes, les plafonds des cieux incertains que l’on fixe allongé sur le plancher, et le héros retombe en enfance pour mieux hurler sa colère – ici, c’est devant les portes d’appartements vides. The Exchange finit par tourner en rond.
Comme son titre, les situations (et les personnages) y sont interchangeables. Mais avec peu, Kolirin trousse un film drôlement inquiétant sur le mal infantile contemporain. Et il y a une vraie beauté dans son trait minimal, que ce soit dans ses gags, volontairement esquissés, ou son commentaire faussement léger sur une société israélienne retranchée (les scènes de repos dans le bunker).
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