Le créateur de Borat nargue l’Amérique dans la peau d’un simili-Kadhafi. Lourd et inoffensif.
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The Dictator, on le pressent, ne souffrira d’aucun procès
ni d’aucune condamnation. Il ne se trouvera sûrement personne dans le monde pour contester à Sacha Baron Cohen sa petite satire des dictatures arabes, ni même pour s’émouvoir de sa critique vaguement formulée contre le régime politique américain.
Il ne rééditera pas non plus la crise diplomatique provoquée en 2006 par Borat, le plus célèbre – et féroce – avatar de l’humoriste dont il tente d’exploiter à nouveau le capital culte.
Tant mieux pour lui, et l’inverse ne nous l’aurait pas rendu plus sympathique. Mais ce grand vide polémique dans lequel le film nous parvient traduit bien l’échec du système Sacha Baron Cohen (ici acteur et scénariste) : sa normalisation.
Lointainement inspiré du livre Zabiba et le roi du romancier méconnu Saddam Hussein, le nouveau personnage inventé par le comique transformiste est un criminel de guerre mégalo, superstar en son pays (la fictive République du Wadiya), qui échoue après un complot chez ces impies de Yankees, où il devra réapprendre à vivre selon les mœurs occidentales.
S’il carbure donc au même venin comique que dans ses précédents forfaits (frotter des clichés les uns contre les autres ; pousser la caricature jusqu’à obtenir une part de vérité), Sacha Baron Cohen a eu ici la mauvaise idée de sacrifier tout ce qui faisait le prix de son cinéma : cette manière de documentaire live, ces fausses interviews qui captaient quelque chose de l’ordre d’un naturel grotesque – le réel étant souvent meilleur conseiller en comédie.
Son nouvel opus se réduit ainsi à une succession de sketches jamais écrits, jamais filmés (pas un embryon de mise en scène), coincés entre un genre de satire politique hérité des TV shows anglais et une farce monstrueuse à la Farrelly – le génie en moins.
Mais le vrai problème de ce Dictator, qui était déjà un peu celui de Brüno, c’est que, trop étourdi par son désir d’incorrection politique, il ne sait jamais totalement où situer sa subversion, qui moquer le plus fort, quelle effigie brûler en dernier : le despote islamiste valant l’altermondialiste ingénue (Anna Faris), la tyrannie valant
la démocratie américaine, le star-system hollywoodien valant un harem de putes orientales…
L’ensemble, épuisant, finit par résonner comme un long ricanement stérile.
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