Même en temps de guerre, la vie continue. Noam, Yelli et Lulu, trois Israéliens branchés de Tel-Aviv, le savent bien, eux qui chaque jour entendent à la télé des horreurs survenues à quelques kilomètres seulement de leur coquet trois pièces, mais que cela n’empêche pas d’aller au boulot, de tomber amoureux, d’être à l’heure pour […]
Même en temps de guerre, la vie continue. Noam, Yelli et Lulu, trois Israéliens branchés de Tel-Aviv, le savent bien, eux qui chaque jour entendent à la télé des horreurs survenues à quelques kilomètres seulement de leur coquet trois pièces, mais que cela n’empêche pas d’aller au boulot, de tomber amoureux, d’être à l’heure pour leur reality-show favori et d’enquiller les margaritas dans la joie et la bonne humeur le soir venu. Désigner cette autre réalité du conflit israélo-palestinien, où l’indifférence vaut comme moyen de survie, jusqu’à devenir spectateur de sa propre histoire, pourrait avoir quelque chose d’irrévérencieux, et d’original (dans un tout autre genre, on repense à Intervention divine d’Elia Suleiman, qui abordait le conflit par le petit bout de lorgnette, sous la forme de querelles de voisinage). On apprécie à ce titre les virées dans un Tel-Aviv rutilant, cafés frappés en terrasse et emplettes le midi, les ambiances de quartier pas très éloignées de notre canal Saint-Martin, les confidences échangées, entrecoupées de petits rires, en surimpression des murs pastel du resto végétarien où se retrouvent nos amis. Mais est-on sûrs de vouloir passer de l’accouchement d’un enfant mort-né à un checkpoint (prologue du film), à une partie de jambes en l’air entre bobos (suite des confidences) ? Est-on certains de souhaiter le basculement sans transition du film de guerre à la comédie romantique, voire à la sitcom ? Bof. A cette première réserve, portant sur le mélange peu avisé, parfois indécent, des genres, s’ajoute une seconde, concernant la conquête progressive de l’ordre moral sur la justesse de la thèse initiale : des gens meurent, d’autres s’en foutent. Noam, Yelli et Lulu finiront par être confrontés à ce qu’ils ont soigneusement évité jusque-là. Du coup, The Bubble devient un autre titre pour “de l’indifférence à la prise de conscience”. Mais même là, le drame qui leur est infligé ressemble plus à une punition (de s’être autant marré) qu’aux sales conséquences d’une logique de guerre implacable.
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