Malgré une certaine audace, un exercice de style qui souffre d’une forme trop artificielle.
D’abord une certaine audace. Un film totalement dénué de dialogues, uniquement orchestré par l’image et les bruitages, qui relate les derniers jours d’un conducteur de train à Bakou en Azerbaïdjan avant sa retraite. Un pari formel ambitieux enrichit par une idée amusante. Celle de récrire le conte de Cendrillon du point de vue de l’opérateur du train (plutôt ancêtre de Buster Keaton dans Le Mécano de la Générale que prince charmant de Perrault) à la recherche non plus de l’heureuse propriétaire d’un soulier de vair mais d’un soutien-gorge égaré sur un fil à linge.
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Mièvrerie artificielle
Si elle séduit un temps, la poésie rêveuse et ouatée du cinéaste allemand Veit Helmer, déjà à l’œuvre et au centre de ses derniers films (Baikonur, Absurdistan), ne peut s’empêcher, comme inexorablement dans son cinéma, de rallier une certaine mièvrerie dans la représentation du monde et s’avère incapable d’insuffler une intériorité complexe et profonde à ces personnages. A cette inconsistance du fond s’ajoute l’artificialité d’une forme. The Bra échoue autant à se réapproprier et moderniser un burlesque issu du cinéma muet qu’à projeter l’authenticité d’un lieu et d’une culture. Le quartier où se déroule l’action est filmé comme un décor peint d’un film de Jean-Pierre Jeunet et ses habitants, comme les santons animés d’une immense crèche provençale.
The Bra de Veit Helmer avec Predrag ‘Miki’ Manojlovic, Denis Lavant, Chulpan Khamatova, Paz Vega (All., 2019, 1 h 30)
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