Bienvenue dans le merveilleux monde des EPK (Electronic Press Kit), ces documents tournés par les sociétés de production. Ici honteusement vendus sous l’appellation de “making off”, on trouve sur cette cassette les EPK des deux versions de ce film où l’on découvre ce qui a vraiment changé durant les dix-huit ans qui séparent les premières […]
Bienvenue dans le merveilleux monde des EPK (Electronic Press Kit), ces documents tournés par les sociétés de production. Ici honteusement vendus sous l’appellation de « making off », on trouve sur cette cassette les EPK des deux versions de ce film où l’on découvre ce qui a vraiment changé durant les dix-huit ans qui séparent les premières aventures des frères Blues de sa suite, Blues Brothers 2000. Les différences sont flagrantes. Mêlant courtes interviews et tournage de certaines scènes, l’EPK du second film ressemble au pire télé-achat : les musiciens passent leur temps à dire combien John Landis et Dan Aykroyd sont géniaux, la VF est aussi racoleuse et je-m’en-foutiste que celle des émissions de Bellemare (on appréciera l’apparition de Bo Diddley annoncé comme Bob Deadly) sans oublier les seuls propos de James Brown pointant du doigt le spectateur dans un dernier plan : « Blues Brothers 2000 ? Allez voir ce film ! » En dix-huit ans, le film est donc passé au second plan, devenu un simple produit. Le plus révulsant dans ce procédé restant l’hypocrisie à peine voilée des studios qui délivrent ces EPK comme de véritables reportages aux télés.
Sensation d’autant plus amère que cette réédition permet de comparer les deux films. Landis, aussi sympathique qu’il soit, a intégré dans Blues Brothers 2000 les nouvelles données d’Hollywood, dont le mot d’ordre est « toujours plus ». Toujours plus lisse : cette suite n’est qu’un remake light du premier, gommant les outrances du film initial. L’inévitable carambolage ne ressemble plus qu’à une casse automobile, loin de la jubilation du premier. Toujours plus d’apparat : les Blues ne sont plus deux mais quatre, exponentialité masquant l’impossibilité de remplacer les dons de l’inestimable mais décédé John Belushi, si ce n’est en les fragmentant (John Goodman pour la masse physique, un morveux pour la facétie, et un Noir pour le côté soul). On préférera donc éternellement à son ersatz Blues Brothers, bidonnante plongée d’Abbott et Costello dans les années 80, seule capable de faire danser les voitures ou de donner à Steven Spielberg un rôle de receveur des impôts (détail caustique et visionnaire). En espérant que la prochaine fois, John Landis reprenne à son compte la maxime affichée dans la dernière scène : « It’s never too late to mend. »
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