L’Anglais, le nouveau film de Steven Soderbergh, dénote une certaine nostalgie pour les années 60, dont vous étiez une icône. Etes-vous vous-même nostalgique de cette époque ? Cette époque est derrière nous, aucun doute là-dessus. Pourtant, en un certain sens, elle est toujours restée en moi, car les valeurs qu’elle m’a inculquées sont toujours les […]
L’Anglais, le nouveau film de Steven Soderbergh, dénote une certaine nostalgie pour les années 60, dont vous étiez une icône. Etes-vous vous-même nostalgique de cette époque ?
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Cette époque est derrière nous, aucun doute là-dessus. Pourtant, en un certain sens, elle est toujours restée en moi, car les valeurs qu’elle m’a inculquées sont toujours les miennes. Les fondations de ma philosophie de la vie ont été construites par les années 60. Travailler avec Peter Fonda était un plaisir immense pour cette raison : lui aussi est un homme des années 60, lui aussi est resté fidèle à ces valeurs-là. Nous nous étions rencontrés une seule fois à l’époque, mais dès que nous nous sommes retrouvés sur le tournage de L’Anglais, le courant est tout de suite passé, malgré nos dissemblances. Peter était le gaz, moi l’électricité, mais nous étions tous les deux à la même température !
Etiez-vous un grand fan de rock dans le Londres des sixties ?
Mais j’étais intimement lié à cette scène ! Mon jeune frère, Kit Stamp, fut le premier à enregistrer Jimi Hendrix ; c’est aussi lui qui a déniché et managé les Who. C’est même lui qui a inventé le nom du groupe. Grâce à lui, j’ai fréquenté tout le monde : Janis Joplin, Jim Morrison, les Rolling Stones, les Who évidemment… J’allais à leurs concerts en hélicoptère. Selon moi, la grande explosion des années 60, c’est essentiellement la musique. Depuis, on n’a jamais fait mieux. Au risque de passer pour un vieux chnoque, je trouve que la bonne pop contemporaine n’est qu’une pâle copie de ce qu’on faisait dans les années 60. Mes favoris étaient les Beatles. Je les ai entendus très tôt et je me suis totalement identifié à eux. Cela dit, il y avait tellement de groupes géniaux à cette époque : les Beach Boys et leurs harmonies féeriques, Dylan et sa poésie… J’aime beaucoup le début de L’Anglais, quand mon personnage débarque à l’aéroport de LA et qu’on entend le riff d’intro de The Seeker des Who : quand j’ai entendu cet accord, je savais que tout irait bien, j’étais complètement décontracté. Je me suis dit « Je suis en de bonnes mains. Ce Soderbergh sait parfaitement ce qu’il fait. » Cet accord des Who est la note parfaite pour mon personnage et pour moi.
Quelle musique écoutez-vous aujourd’hui ?
Hormis la pop des sixties, j’écoute beaucoup de jazz vocal : Ella Fitzgerald, Dean Martin, Peggy Lee. Et puis, en vieillissant, on en a parfois marre du chant, on ne désire que de la musique. Alors, j’écoute du classique je ne retiens pas toujours les noms et les titres, mais je sais ce que j’aime.
Etiez-vous et êtes-vous encore un cinéphile ?
Le cinéma a représenté une chose fondamentale pour moi. Ma vie dans les faubourgs populaires de Londres était tellement fade et pauvre… Chaque fois que je pouvais m’évader au cinéma, je le faisais. Ma mère, qui aimait le cinéma, m’a emmené voir mes premiers films. Mon premier choc fut Beau geste, avec Gary Cooper. Une impression indélébile. Après, j’ai vu beaucoup de films avec Gary Cooper. Puis j’ai découvert Burt Lancaster et j’ai vu tous ses films. Puis il y a eu, bien sûr, James Dean. Au début, j’étais essentiellement motivé par les acteurs. Après James Dean, je me suis plus intéressé aux cinéastes. Ceux qui m’ont fasciné en premier furent Elia Kazan, Michael Powell, Carol Reed. Les films de Michael Powell avaient une grande profondeur philosophique.
Quels cinéastes vous ont marqué, parmi ceux avec lesquels vous avez travaillé ?
Peter Ustinov, bien sûr, qui m’a découvert. Billy Budd tient toujours le coup aujourd’hui. Et puis William Wyler. Imaginez l’effet pour un jeune Anglais de 24 ans de travailler à Hollywood avec le grand Wyler ! Et puis, impossible d’oublier Fellini et Pasolini. Avec eux, j’ai compris que le cinéma devait plus aux cinéastes qu’aux acteurs. Je n’ai pas fait d’études, je suis un autodidacte : Fellini et Pasolini ont été en quelque sorte mon université.
Etes-vous un lecteur assidu ?
Je suis un grand lecteur. Il y a certains livres que je me garde pour plus tard, afin de les savourer au mieux, par exemple lors d’un voyage en avion vers la Californie ou l’Australie. Par exemple, j’aimerais relire At the shrugged d’Ann Rand, un chef-d’oeuvre. Je garde aussi le nouveau John Le Carré ainsi que la biographie de Bruce Chatwin. De gros pavés, parfaits pour les longs voyages.
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