Il faut d’abord imaginer un épisode de la série Palace de Jean-Michel Ribes, “poussé” sur 90 minutes. Le versant le plus évidemment comique de la distribution (Jean Yanne, Daniel Prévost, Fabienne Chaudat…) y contribue, ainsi que le versant le plus évidemment vaudevillesque du scénario qui fait cohabiter une quinzaine de personnages dans les chambres, certes […]
Il faut d’abord imaginer un épisode de la série Palace de Jean-Michel Ribes, « poussé » sur 90 minutes. Le versant le plus évidemment comique de la distribution (Jean Yanne, Daniel Prévost, Fabienne Chaudat…) y contribue, ainsi que le versant le plus évidemment vaudevillesque du scénario qui fait cohabiter une quinzaine de personnages dans les chambres, certes spacieuses, du Royal Monceau. Au-delà de cette fondation boulevardière, l’auteur fait passer quelques messages respectables quoique peu originaux du genre « Mieux vaut être sincère et généreux mais pauvre, que riche mais cynique et calculateur. » Cependant, ce programme un peu béat n’empêche jamais le film de remplir son contrat : la rigolade. On sent que l’ambition était tout simplement de ficeler une petite comédie distrayante et efficace. C’est plutôt réussi et cette modestie encourage l’adhésion. Certaines répliques, finement écrites et servies par des comédiens rompus au genre, parviennent à faire mouche. Et quand le rythme est là, les rires suivent. Pour mémoire, le couple d’éleveurs d’une nouvelle race de poule (« la poule de Vesoul ») découvrant l’hôtel comme une de leurs poules découvrirait un couteau, vaut quelques points, ainsi que le publicitaire qui trouve que « l’homme politique est un produit très excitant ». Il y a aussi quelques chutes de tension, mais le film est fini avant de s’être alourdi. Une construction aussi légère repose évidemment sur les comédiens. Jacques Gamblin, né au cinéma sous les doubles auspices de Claude Lelouch et Robert Guédiguian, et remarqué dans Pédale douce, donne pas mal d’épaisseur humaine à son SDF-Robin des Bois. Zabou, devenue rare ces derniers temps, insuffle du piquant à son personnage ingrat de wannabe first lady. Et enfin, Elsa Zylberstein fait le maximum en se sortant haut la main d’un personnage ultragratiné, une pute à perruque rousse et au langage de charretier, ivre morte dès la deuxième bobine. C’est beaucoup, mais elle slalome avec une grâce inouïe entre les écueils du rôle en conférant à sa Lucie une grâce évanescente, un regard lunaire et une diction flottante, qui finissent par évacuer peu à peu toute vulgarité. Du grand art. Reste à la voir dans un film et un rôle un peu plus ambitieux.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}