Un docufiction âpre et sensible sur les tensions dans la vie familiale d’un pêcheur.
Ce troisième long de Samuel Collardey (L’Apprenti, Comme un lion) n’est ni une fiction ni un documentaire mais une sorte de mélange des deux, où le réalisateur ne met pas en scène sa vie mais celle de ses comédiens. Dominique, Mailys et Matteo Leborne ne sont d’ailleurs pas comédiens professionnels mais jouent ici leurs propres rôles dans une histoire inspirée de certains épisodes réels de leurs vies.
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Dominique est donc pêcheur en haute mer, séparé de la mère de ses enfants dont il assure la garde alternée. Il s’efforce d’être un père aimant, complice de ses deux grands ados. Il projette d’acquérir son propre bateau et de monter une affaire avec Matteo, son garçon. Avec sa fille Mailys, 16 ans, les relations semblent plus tendues, pleines de silences pesants. Et puis elle finit par lui cracher le morceau : elle est tombée accidentellement enceinte.
Chacun a ses raisons, sa place de personnage
Comme dans ses précédents films, le regard de Collardey est attentif, précis, sobre, à la fois rugueux et stylisé, ancré dans le réel mais filmé en Scope, un peu dans la veine des Dardenne, ou d’un Ken Loach sans la pesanteur idéologico-moralisatrice. Dans ce film, il regarde autant une communauté de marins-pêcheurs, ses difficultés, sa culture, son mode de vie, qu’une famille légèrement dysfonctionnelle, ses nœuds relationnels, ses affects compliqués (et difficiles à verbaliser), mais sans juger personne : chacun a ses raisons, sa place de personnage.
La part la plus saisissante du film réside dans ce que Collardey parvient à tirer de ses acteurs. Jouer, pour les Leborne, c’est rejouer un épisode pas facile de leur vie, et ils s’en sortent très bien, particulièrement la petite Mailys. On ignore les effets de ce tournage sur la vie réelle de cette famille mais il a au moins eu pour résultat un film âpre et sensible.
Tempête de Samuel Collardey (Fr., 2015, 1 h 29)
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