Les aventures aussi charmantes que superficielles d’un groupe de hipsters new-yorkais.
De temps à autre, un réalisateur français s’essaie au cinéma indépendant aux Etats-Unis. Ça passe ou ça casse. En général, ça passe, mais sans grands éclats. Il y a tout de même eu, par exemple, les beaux essais bruts de Raphaël Nadjari, ou même de Julie Delpy ; celle-ci, bien avant ses 2 Days in New York, avait tourné un premier brouillon los-angélien, Looking for Jimmy, aussi mince que primesautier.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Swim Little Fish Swim, réalisé à quatre mains par Lola Bessis et Ruben Amar, est un peu plus charpenté et consistant, mais peine à dépasser le carnet de croquis bon enfant.
Son principe général est de chroniquer les contorsions de la faune arty/hipster du moment à New York, tout en s’inspirant vaguement des bredouillements existentialistes et laid-back du mumblecore, en particulier des frères Safdie, modèles revendiqués du tandem de cinéastes français.
Soit une jolie oie blanche frenchy, plasticienne-vidéaste nommée Lilas (incarnée par la réalisatrice, Lola Bessis), qui fait du couchsurfing chez une famille constituée d’un musicien insouciant et d’une infirmière, entourés d’enfants et d’amis néobabas. C’est mignon, émaillé par de vraies musiques jouées in situ par divers personnages, mais ça n’a pas la puissance sarcastique d’Inside Llewyn Davis des frères Coen, malgré la proximité de certains thèmes.
Le zeste kafkaïen absolument indispensable dans le contexte fait cruellement défaut à cette geste, certes fraîche et charmante de bout en bout, mais qui a le défaut de rester confinée dans un milieu irréel en vase clos et de réduire la satire, au pire, à des stéréotypes passe-partout (cf. la mère de Lilas, superstar pimbêche de l’art contemporain). Pas de mise en perspective, pas de distance, pas d’intrusion de la vraie vie.
Aux pires moments, on pense presque au ringard Esclaves de New York, incursion dans la modernité des années 80 par
le passéiste James Ivory, auquel cette crise de jeunisme incongrue n’avait guère réussi.
{"type":"Banniere-Basse"}