Reprise du premier long de Jane Campion. Le portrait singulier de deux sœurs aux profondes fêlures.
Kay, jeune femme anxieuse et effacée, cherche dans les insondables symboles qui parsèment son quotidien le remède à sa solitude.
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A la lumière d’un vague présage de sa voyante, elle entame une idylle avec Louis, un jeune homme qu’elle connaît à peine. Un an plus tard, dans leur appartement étriqué, ils font déjà chambre à part. Pour faire rejaillir une passion qui n’a jamais vraiment existé, Louis plante un arbrisseau supposé symboliser leur union. Mais Kay, qui éprouve pour les arbres une peur irrationnelle, l’arrache, amorçant de manière définitive l’agonie du couple.
Une étrangeté presque lynchienne
Dans son sommeil paradoxal, la jeune femme est sujette à des visions anxiogènes de racines biscornues serpentant dans les tréfonds de sa conscience. Racines qui sont aussi celles d’un arbre généalogique la reliant à sa sœur Sweetie, véritable force de la nature – son antithèse absolue. Extravagante et voluptueuse, exhalant une sexualité vorace là où sa sœur n’est que pudeur et contrition, Sweetie va, en investissant le foyer de Kay, semer un chaos aussi destructeur que providentiel.
Ce récit explore avec singularité la psyché de deux sœurs que tout oppose mais qui portent en elles les névroses d’une famille profondément viciée. La mise en scène, superbe, traite leur opposition avec un symbolisme discret. A l’énergie sexuelle et tempétueuse de Sweetie est associée la nature, luxuriante et vénéneuse, tandis que Kay, comme dévitalisée, est reliée au monde minéral, froid et anguleux. Film étonnant, diluant une étrangeté presque lynchienne, Sweetie amorce avec brio la filmographie de Jane Campion.
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