Dans un sens, ce film est une bonne nouvelle : la preuve qu’on peut désormais tourner des longs métrages en vidéo quasi amateur avec trois francs six sous, sans pour autant faire allégeance au club sélect du Dogme danois, et trouver un distributeur pour les sortir ; la preuve que le cinéma se démocratise et […]
Dans un sens, ce film est une bonne nouvelle : la preuve qu’on peut désormais tourner des longs métrages en vidéo quasi amateur avec trois francs six sous, sans pour autant faire allégeance au club sélect du Dogme danois, et trouver un distributeur pour les sortir ; la preuve que le cinéma se démocratise et que l’inflation des budgets devra forcément être révisée à la baisse dans un futur proche. Evidemment, d’un autre côté, et Swamp ! en est une démonstration éclatante, ce progrès a ses effets pervers. Absence de style, je-m’en-foutisme scénaristique et tutti quanti. Le film avance « à coups de clins d’oeil et de plaisanteries potaches » et « les scènes se suivent comme des sketches », admet le réalisateur lui-même. Cela ne rend pas pour autant le film invisible. Seulement il faut être patient, fouiller dans la bouillasse (« swamp » oblige) pour y dégoter quelques pépites. Par-dessus le marché, Swamp ! appartient au genre le plus casse-gueule qui soit : la chronique d’un tournage (en vidéo amateur bien sûr). En gros, c’est l’aventure gaguesque d’une équipe de techniciens et d’acteurs réunis à la campagne autour d’une petite fille de 9-10 ans censément atteinte d’une maladie incurable, à qui une association a offert la possibilité de réaliser le film d’horreur de ses rêves. Alternent donc à l’écran des scènes de ce film d’horreur, archi-caricaturales, et les intrigues, principalement amoureuses, entre acteurs et techniciens c’est évidemment l’unique partie intéressante. Cela dit, si on détachait de leur contexte certains plans du film dans le film, ils pourraient très bien s’intégrer à un éventuel Projet Blair Witch bis. Mais comme le cinéma fantastico-horrifique ne peut pas être pris au sérieux en France, les passages pseudo-gore ne sont que des amuse-gueules schématiques fournissant des intermèdes amusants entre deux conflits psychologiques ou pétages de plomb de l’un ou l’autre des participants à cette jolie colonie de vacances. Seules les tendances naturalistes de Swamp ! offrent un quelconque intérêt. Témoin, ce joyeux repas nocturne le meilleur moment du film où, débarquant tel un ovni des seventies, la folkeuse supragalactique Anne Sylvestre, après s’être fait gentiment chambrer, incite l’assemblée à entonner en coeur un de ses tubes pour niards. C’est pas le nirvana, juste un soupçon d’humanité qui surnage dans cette soupe.
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