“Sur l’Adamant”, l’Ours d’or de la dernière Berlinale, la comédie consternante au-delà de tout de Danny Boon, un premier film queer et politique signé Georgia Oakley… Voici les films à voir ou pas cette semaine.
Sur l’Adamant de Nicolas Philibert
Cette introduction est un laissez-passer pour une contrée ténébreuse où séjournent Patrick, Muriel, Olivier, Nadya… Par-delà leurs prénoms, comment les appeler ? Malades ? Patient·es ? Fous ou folles ? François le chanteur, brechtien en diable, a sa définition : “Ici, il y a des acteurs qui ne comprennent pas qu’ils sont acteurs.” Des acteurs et des actrices qui interprètent la détresse de leurs vies cabossées. Par des mots, des chansons, des dessins. Sans que jamais le filmage insiste. Il ne s’agit pas de sortir son mouchoir, bien que certaines séquences mettent les larmes aux yeux, ni de faire l’aumône de sa compassion. Sur L’Adamant n’est pas un Téléthonmais un regard qui va voir là-bas si nous y sommes.
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La Vie pour de vrai de Dany Boon
Il est évidemment proprement insupportable de voir un homme aussi puissant que Dany Boon s’adonner à un tel numéro, manifestement convaincu de la stature de pur personnage philosophique voltairien de cette espèce de Mr Deeds en tongs dont il a probablement eu l’idée en trouvant un serveur un peu discourtois à l’Eurostar Lounge de la gare du Nord. Hélas, si l’ingénuité de Tridan révèle quoi que ce soit de l’état des rapports humains dans la société moderne, ce ne sont que des platitudes abyssales, voire des problèmes de CSP+ : ses Richelieu lui font mal au pied, le faux taxi de Roissy lui a fait payer trop cher…
Blue Jean de Georgia Oakley
Premier long métrage de Georgia Oakley, Blue Jean esquive habilement le piège du film à sujet édifiant qui exposerait l’évidente violence d’une époque à laquelle son personnage est confronté. Son dessein, n’est d’ailleurs pas d’en reconstituer ces heures révolues tant Blue Jean, se trouve traversé par une contemporanéité pressante attachée à la question du coming out, de son poids, de son importance, de son enjeu – dire, nommer les choses pour prendre une place confisquée.
La critique de Marilou Duponchel
Chien de la casse de Jean-Baptiste Durand
Mirales, grand gaillard jouant de la gouaille si particulière de son interprète, est un peu tout à la fois : lascar vendant du shit, penseur épris de littérature et de mots, fils d’une mère peintre, frère de cœur attentionné et dévoué et mâle toxique en puissance. Il est un personnage tragique et encombrant dans cette mythologie contemporaine qu’invente le film. Il se débat, fait beaucoup de bruit autour de lui sans que rien ne se passe, prisonnier d’une prison à ciel ouvert, âme errante et maudite attachée à un lieu qu’il sait être son propre tombeau.
La critique de Marilou Duponchel
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