Buddy-movie fort en vannes pour génération Canal, film d’aventures rétro pour aïeuls, festival de peluche numérique pour les tout-petits : Alain Chabat manie avec adresse le spectacle pour tous.
En 1951, deux jeunes aventuriers belges, Spirou et Fantasio, s’enfoncent vingt jours durant dans le sud-est de la forêt tropicale de Palombie, la plus petite république d’Amérique du Sud (capitale : Chiquito ; devise : “Palonpeu, palombien”), en quête d’un animal mythique, le Marsupilami, dont certains prétendent qu’il vit au pied du volcan El Sombrero, une région rendue périlleuse par la présence des redoutables guerriers chahutas. Soixante ans plus tard, Alain Chabat est parti sur les traces de Spirou et Fantasio pour retrouver le Marsupilami. Il l’a rencontré. Résultat : ce film, une fiction qui permet à Chabat de mettre en scène, dans une aventure décoiffante, le petit animal étrange (un mammifère ovipare à nombril, doté d’une queue de plus de huit mètres). Chabat y interprète lui-même le rôle d’un journaliste français, Dan Geraldo, dont les derniers exploits (d’ailleurs pipeautés) remontent aux calendes grecques. Contraint par ses employeurs de rapporter un scoop (la preuve de l’existence du Marsu), il fait la connaissance de son contact à Chiquito, le jeune Pablito (Jamel Debbouze), lui-même assez doué pour mener son journaliste en bateau…
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S’ensuivront toute une série de péripéties et d’aventures farcesques, où l’on verra notamment un vieux botaniste (Fred Testot) rajeunir à vue d’oeil grâce à une fleur magique et un dictateur (l’admirable Lambert Wilson) sortir du placard et révéler à tous sa passion débordante pour une célèbre chanteuse de variétés internationales québécoise. Et bien sûr le Marsupilami en personne, jolie peluche aux nez grumeleux qui ravira les plus petits. Le film de Chabat est d’évidence destiné à rassembler un large public, qui va de l’enfant de 6 ans à l’arrière-grand- père de 106 ans. Il y en a pour tout le monde : ceux qui ont aimé et continuent d’aimer l’univers de Franquin, son antimilitarisme, son goût pour l’écologie (on notera par exemple l’attention toute particulière portée aux décors, qui s’inspirent fidèlement des bandes dessinées) et les fans de l’ex-Nul Alain Chabat, avec son humour au second degré, son goût pour les fausses publicités, ses gags à tiroirs, parfois étirés sur une scène entière. Rien de renversant dans ce cinéma-là, mais le sentiment très profond que Chabat ne se moque pas de son public et qu’il tente de lui offrir le spectacle le plus complet : imaginatif, drôle, bon enfant, un brin pipi-caca-prout par moments. Un cinéma qui aspire à procurer de la joie.
Sur la piste du Marsupilami d’Alain Chabat, avec lui-même, Jamel Debbouze, Lambert Wilson, Fred Testot, Patrick Timsit (Fr., 2012, 1 h 45
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