Une « fureur de vivre » contemporaine, sans chichis et sans mélo.
Les films sur les ados sont la nouvelle tarte à la crème. Rien que cette semaine il y en a deux (celui-ci et L’Eté de Giacomo, lire p. 68). Et dans quinze jours on pourra voir A Little Closer, au contexte très proche
de ce Summertime (en VO The Dynamiter).
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Adolescence morne plaine, conjuguée avec le marasme économique américain – ici dans le Mississippi, plus pauvre Etat de l’Union. D’une certaine manière, c’est le film indé parfait. Tellement parfait que la bande-annonce ressemble à un clip musical romanesque comme on en a beaucoup vus.
Pourtant, malgré la rugosité méticuleuse des clairs-obscurs, de la vie sombre des personnages – trois frères de 10 à 25 ans sans parents qui vont à vau-l’eau –, ce film n’est pas un gadget misérabiliste. Il a d’autres atouts.
D’abord les acteurs, non-professionnels, d’une grande fraîcheur (le petit garçon est formidable, sans parler du grand frère). Ensuite, l’intégration de la dramaturgie à l’environnement sudiste (ville et campagne) grâce à quoi le cinéaste retrouve le souffle poétique des grands récits du Sud, en particulier de Faulkner.
Certes, la comparaison est poussée ; Summertime est moins ambitieux, plus simple. Pourtant, avec son côté buté, le héros, qui affronte la vie avec le même sérieux et la même opiniâtreté que lorsqu’il attaque, au début, les meules de foin dans les champs avec son petit frère, a une indéniable puissance romanesque.
Le film évite les clichés dramatiques en se maintenant à la frange du documentaire, ce qui lui donne toute son ampleur. Ce n’est pas tant un film sur l’adolescence, avec ses sempiternels conflits et tourments, que sur la ségrégation des white trash.
Les rapports de classe se catalysent de façon saisissante lors d’une fête de classe où le héros est convié. Idem lorsque l’ado cherche du travail… Un drame réaliste à hauteur d’homme et qui ne fait pas le malin. C’est déjà bien.
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