L’éducation sentimentale de jeunes filles dans une Lituanie tripée. Un teen-movie fragile mais séduisant.
Un été ordinaire, au bord d’un lac de Lituanie. Sangaïlé, jeune fille mutique de 17 ans, vit recluse dans sa chambre d’enfance, où elle passe ses journées à fixer le plafond et s’écorcher la peau au cutter pour faire passer son chagrin.
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Le temps s’écoule ainsi, entre longues plages d’ennui et petites baises sans conviction, jusqu’au jour où une rencontre inattendue avec une autre ado du coin, une belle et fougueuse photographe, viendra enfin sortir l’héroïne de sa torpeur.
Second essai d’Alanté Kavaïté (dix ans après le peu mémorable Ecoute le temps, avec Emilie Dequenne), Summer s’ajoute à la longue liste des coming of age movies sous influence américaine, déroulant le programme type du genre tel que redéfini par Sofia Coppola depuis plus de quinze ans.
S’y mêlent donc le portrait d’une adolescence boudeuse et suicidaire, raconté en off par une voix languissante, un climat tripant, un érotisme lesbien soft, une fétichisation sensuelle des corps diaphanes et fuselés de jeunes filles en fleurs, bref tout ce qui constitue l’ordinaire chic des teen-movies actuels.
Mais Summer n’a pas retenu que l’habillage cosmétique du cinéma de Sofia Coppola ; il lui emprunte aussi son motif de l’adolescence comme rêve empoisonné, stase irréelle dont on ne sait si elle relève du paradis perdu ou du cauchemar.
Le charme fragile du film tient ainsi à sa manière de brouiller les pistes entre la chronique naturaliste et la féerie fantastique, de tracer un territoire instable, un peu flottant, proche par endroits des expérimentations formelles de Spike Jonze.
Dans son décor de conte malade (la campagne lituanienne, partagée entre centrales nucléaires abandonnées et forêts sauvages), ou sa temporalité détraquée (l’action se situe aujourd’hui, mais les ados s’habillent comme des pin-up fifties et rêvent d’aviation), le film déploie un imaginaire singulier et envoûtant, écrin réinventé de l’éternel récit d’éducation sentimentale de jeunes filles troublées.
Dommage, dès lors, que la mise en scène ostentatoire d’Alanté Kavaïté (récompensée au festival de Sundance) étouffe un peu son sujet, recourant parfois à un symbolisme pompier et à des petites pastilles expérimentales qui altèrent la mélodie planante de sa jeune Lituanie fantasmée.
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